Vingt mille lieues sous les mers

Veinte mil leguas de viaje submarino

   XVI

   Capítulo 16

   PROMENADE EN PLAINE

   Andando por la llanura

   Cette cellule était, à proprement parler, l'arsenal et le vestiaire du Nautilus. Une douzaine d'appareils de scaphandres, suspendus à la paroi, attendaient les promeneurs.

   Aquella cabina era, para hablar con propiedad, el arsenal y el vestuario del Nautilus. Colgadas de las paredes, una docena de escafandras esperaban a los expedicionarios.

   Ned Land, en les voyant, manifesta une répugnance évidente à s'en revêtir.

   Al verlas, Ned Land manifestó una gran repugnancia a la idea de introducirse en una de ellas.

   «Mais, mon brave Ned, lui dis-je, les forêts de l'île de Crespo ne sont que des forêts sous-marines!

   -Pero, Ned -le dije-, los bosques de la isla Crespo son submarinos.

   — Bon! fit le harponneur désappointé, qui voyait s'évanouir ses rêves de viande fraîche. Et vous, monsieur Aronnax, vous allez vous introduire dans ces habits-là?

   -¡Vaya! -dijo el arponero, desilusionado al ver desvanecerse sus sueños de carne fresca-, y usted, señor Aronnax, ¿va a meterse en un ropaje así?

   — Il le faut bien, maître Ned.

   -Es necesario, Ned.

   — Libre à vous, monsieur, répondit le harponneur, haussant les épaules, mais quant à moi, à moins qu'on ne m'y force, je n'entrerai jamais là-dedans.

   -Es usted muy libre de hacerlo -respondió el arponero, alzándose de hombros-, pero lo que es yo, a menos que se me obligue, nunca me meteré en una de estas vestimentas.

   — On ne vous forcera pas, maître Ned, dit le capitaine Nemo.

   -Nadie va a obligarle, señor Ned -dijo el capitán Nemo.

   — Et Conseil va se risquer? demanda Ned.

   -Y Conseil, ¿va a arriesgarse? -preguntó Ned.

   — Je suis monsieur partout où va monsieur», répondit Conseil.

   -Yo seguiré al señor a donde vaya -respondió Conseil.

   Sur un appel du capitaine, deux hommes de l'équipage vinrent nous aider à revêtir ces lourds vêtements imperméables, faits en caoutchouc sans couture, et préparés de manière à supporter des pressions considérables. On eût dit une armure à la fois souple et résistante. Ces vêtements formaient pantalon et veste. Le pantalon se terminait par d'épaisses chaussures, garnies de lourdes semelles de plomb. Le tissu de la veste était maintenu par des lamelles de cuivre qui cuirassaient la poitrine, la défendaient contre la poussée des eaux, et laissaient les poumons fonctionner librement; ses manches finissaient en forme de gants assouplis, qui ne contrariaient aucunement les mouvements de la main.

   A una llamada del capitán, acudieron dos hombres de la tripulación para ayudarnos a ponernos aquellos trajes impermeables, hechos de caucho y sin costuras y realizados de modo que sus usuarios pudieran soportar presiones considerables. Se hubiera dicho una armadura elástica a la vez que resistente. Formados aquellos extraños trajes por chaqueta y pantalón, éste se empalmaba con unas gruesas botas guarnecidas con unas pesadas suelas de plomo. El tejido de la chaqueta estaba reforzado por finas láminas de cobre, que acorazaban el pecho protegiéndole de la presión de las aguas y que permitían el libre funcionamiento de los pulmones; sus mangas terminaban en unos finos guantes que dejaban a las manos gran libertad de movimientos.

   Il y avait loin, on le voit, de ces scaphandres perfectionnés aux vêtements informes, tels que les cuirasses de liège, les soubrevestes, les habits de mer, les coffres, etc., qui furent inventés et prônés dans le XVIIIe siècle.

   Como se ve, tales escafandras perfeccionadas distaban mucho de recubrimientos tan informes como las corazas de corcho, los cofres, y los trajes marinos inventados o preconizados en el siglo XVIII.

   Le capitaine Nemo, un de ses compagnons - sorte d'Hercule, qui devait être d'une force prodigieuse - , Conseil et moi, nous eûmes bientôt revêtu ces habits de scaphandres. Il ne s'agissait plus que d'emboîter notre tête dans sa sphère métallique. Mais, avant de procéder à cette opération, je demandai au capitaine la permission d'examiner les fusils qui nous étaient destinés.

   El capitán Nemo, uno de sus compañeros -una especie de Hércules, que debía tener una fuerza prodigiosa-, Conseil y yo nos hallamos pronto revestidos de aquellos trajes, a falta tan sólo ya de alojar nuestras cabezas en sus esferas metálicas. Pero antes de proceder a esta operación, pedí permiso al capitán para examinar los fusiles que nos estaban destinados.

   L'un des hommes du Nautilus me présenta un fusil simple dont la crosse, faite en tôle d'acier et creuse à l'intérieur, était d'assez grande dimension. Elle servait de réservoir à l'air comprimé, qu'une soupape, manoeuvrée par une gâchette, laissait échapper dans le tube de métal. Une boîte à projectiles, évidée dans l'épaisseur de la crosse, renfermait une vingtaine de balles électriques, qui, au moyen d'un ressort, se plaçaient automatiquement dans le canon du fusil. Dès qu'un coup était tiré, l'autre était prêt à partir.

   Uno de los hombres del Nautilus me presentó un fusil muy sencillo cuya culata, hecha de acero y hueca en su interior, era de gran dimensión. La culata servía de depósito al aire comprimido al que una válvula, accionada por un gatillo, dejaba escapar por el cañón de metal. Una caja de proyectiles, alojada en la culata, contenía una veintena de balas eléctricas que por medio de un resorte se colocaban automáticamente en el cañón del fusil. Efectuado un disparo, el proyectil siguiente quedaba listo para partir.

   «Capitaine Nemo, dis-je, cette arme est parfaite et d'un maniement facile. Je ne demande plus qu'à l'essayer. Mais comment allons-nous gagner le fond de la mer?

   -Capitán Nemo -le dije-, es un arma perfecta y de fácil manejo. Estoy deseando probarla. Pero ¿cómo vamos a llegar al fondo del mar?

   — En ce moment, monsieur le professeur, le Nautilus est échoué par dix mètres d'eau, et nous n'avons plus qu'à partir.

   -En este momento, señor profesor, el Nautilus está posado a diez metros de profundidad. Vamos a partir.

   — Mais comment sortirons-nous?

   -Pero ¿cómo saldremos?

   — Vous l'allez voir.»

   -Va usted a verlo.

   Le capitaine Nemo introduisit sa tête dans la calotte sphérique. Conseil et moi, nous en fîmes autant, non sans avoir entendu le Canadien nous lancer un «bonne chasse» ironique. Le haut de notre vêtement était terminé par un collet de cuivre taraudé, sur lequel se vissait ce casque de métal. Trois trous, protégés par des verres épais, permettaient de voir suivant toutes les directions, rien qu'en tournant la tête à l'intérieur de cette sphère. Dès qu'elle fut en place, les appareils Rouquayrol, placés sur notre dos, commencèrent à fonctionner, et, pour mon compte, je respirai à l'aise.

   El capitán Nemo introdujo su cabeza en la esfera metálica, y Conseil y yo hicimos lo propio, no sin antes haber oído al canadiense desearnos irónicamente una «buena caza». Nuestros trajes terminaban en un collar de cobre agujereado al que se ajustaba el casco de metal. Tres aberturas protegidas por gruesos cristales permitían ver en todas las direcciones sin más que ladear la cabeza en el interior de la esfera. Una vez que ésta se halló ajustada, los aparatos Rouquayrol, colocados a la espalda, comenzaron a funcionar. Pude comprobar que se respiraba perfectamente.

   La lampe Ruhmkorff suspendue à ma ceinture, le fusil à la main, j'étais prêt à partir. Mais, pour être franc, emprisonné dans ces lourds vêtements et cloué au tillac par mes semelles de plomb, il m'eût été impossible de faire un pas.

   Con la lámpara Ruhmkorff suspendida de mi cinturón y con el fusil en la mano, me hallé listo para partir. Pero aprisionado en un traje tan pesado y clavado al suelo por mis suelas de plomo me resultó imposible dar un paso.

   Mais ce cas était prévu, car je sentis que l'on me poussait dans une petite chambre contiguë au vestiaire. Mes compagnons, également remorqués, me suivaient. J'entendis une porte, munie d'obturateurs, se refermer sur nous, et une profonde obscurité nous enveloppa.

   El caso estaba previsto, pues sentí que me empujaban hacia una pequeña cabina contigua al vestuario. Igualmente impelidos, mis compañeros me siguieron. Pude oír como se cerraba tras nosotros una puerta provista de obturadores, y súbitamente nos hallamos envueltos en una profunda oscuridad.

   Après quelques minutes, un vif sifflement parvint à mon oreille. Je sentis une certaine impression de froid monter de mes pieds à ma poitrine. Évidemment, de l'intérieur du bateau on avait, par un robinet, donné entrée à l'eau extérieure qui nous envahissait, et dont cette chambre fut bientôt remplie. Une seconde porte, percée dans le flanc du Nautilus, s'ouvrit alors. Un demi-jour nous éclaira. Un instant après, nos pieds foulaient le fond de la mer.

   Tras unos minutos de espera, oí un vivo silbido, al tiempo que sentí que el frío ganaba mi cuerpo desde los pies al pecho. Evidentemente, desde el interior del barco y mediante una válvula se había dado entrada en él al agua exterior que nos invadía y que pronto llenó la cámara en que nos hallábamos. Una segunda puerta practicada en el flanco del Nautilus se abrió entonces dando paso a una difusa claridad. Un instante después, nuestros pies hollaban el fondo del mar.

   Et maintenant. comment pourrais-je retracer les impressions que m'a laissées cette promenade sous les eaux? Les mots sont impuissants à raconter de telles merveilles! Quand le pinceau lui-même est inhabile à rendre les effets particuliers à l'élément liquide, comment la plume saurait-elle les reproduire?

   ¿Cómo poder transcribir ahora las impresiones indelebles que dejó en mí este paseo bajo las aguas? Las palabras son impotentes para expresar tales maravillas. Cuando el mismo pincel es incapaz de reflejar los efectos particulares del elemento líquido, ¿cómo podría reproducirlos la pluma?

   Le capitaine Nemo marchait en avant, et son compagnon nous suivait à quelques pas en arrière. Conseil et moi, nous restions l'un près de l'autre, comme si un échange de paroles eût été possible à travers nos carapaces métalliques. Je ne sentais déjà plus la lourdeur de mes vêtements, de mes chaussures, de mon réservoir d'air, ni le poids de cette épaisse sphère, au milieu de laquelle ma tête ballottait comme une amande dans sa coquille. Tous ces objets, plongés dans l'eau, perdaient une partie de leur poids égale à celui du liquide déplacé. et je me trouvais très bien de cette loi physique reconnue par Archimède. Je n'étais plus une masse inerte, et j'avais une liberté de mouvement relativement grande.

   El capitán Nemo iba delante y su compañero cerraba la marcha a algunos pasos de nosotros. Conseil y yo nos manteníamos uno cerca del otro, pese a que no fuera posible cambiar una sola palabra a través de nuestros caparazones metálicos. Yo no sentía ya la pesadez de mi revestimiento, ni la de las botas, ni la de mi depósito de aire, ni la de la esfera en cuyo interior mi cabeza se bamboleaba como una almendra en su cascarón. Al sumergirse en el agua, todos estos objetos perdían una parte de su peso igual a la del líquido desplazado, y yo aprovechaba con placer esta ley física descubierta por Arquímedes. Había dejado de ser una masa inerte y tenía una libertad de movimientos relativamente amplia.

   La lumière, qui éclairait le sol jusqu'à trente pieds au-dessous de la surface de l'Océan, m'étonna par sa puissance. Les rayons solaires traversaient aisément cette masse aqueuse et en dissipaient la coloration. Je distinguais nettement les objets à une distance de cent mètres. Au-delà, les fonds se nuançaient des fines dégradations de l'outremer, puis ils bleuissaient dans les lointains, et s'effaçaient au milieu d'une vague obscurité. Véritablement, cette eau qui m'entourait n'était qu'une sorte d'air, plus dense que l'atmosphère terrestre, mais presque aussi diaphane. Au-dessus de moi, j'apercevais la calme surface de la mer.

   Me asombró la potencia de la luz que, a treinta pies bajo la superficie del océano, llegaba al fondo. Los rayos solares atravesaban fácilmente aquella masa acuosa disipando su coloración. Podía distinguir con nitidez los objetos a una distancia de cien metros. Más allá, los fondos se deshacían en finas degradaciones del azul hasta borrarse en la oscuridad. Verdaderamente, el agua que me rodeaba era casi como el aire, más densa que la atmósfera terrestre, pero casi tan diáfana. Por encima de mí, distinguía la tranquila superficie del mar.

   Nous marchions sur un sable fin, uni, non ridé comme celui des plages qui conserve l'empreinte de la houle. Ce tapis éblouissant, véritable réflecteur, repoussait les rayons du soleil avec une surprenante intensité. De là, cette immense réverbération qui pénétrait toutes les molécules liquides. Serai-je cru si j'affirme, qu'à cette profondeur de trente pieds, j'y voyais comme en plein jour?

   Caminábamos sobre una arena fina lisa, no arrugada como la de las playas que conservan la huella de la resaca. Aquella alfombra deslumbrante, como un verdadero reflector, reflejaba los rayos del sol con una sorprendente intensidad, produciendo una inmensa reverberación que penetraba en todas las moléculas líquidas. ¿Se me creerá si afirmo que a esa profundidad de treinta pies veía yo como si estuviera en la superficie?

   Pendant un quart d'heure, je foulai ce sable ardent, semé d'une impalpable poussière de coquillages. La coque du Nautilus, dessinée comme un long écueil, disparaissait peu à peu, mais son fanal, lorsque la nuit se serait faite au milieu des eaux, devait faciliter notre retour à bord, en projetant ses rayons avec une netteté parfaite. Effet difficile à comprendre pour qui n'a vu que sur terre ces nappes blanchâtres si vivement accusées. Là, la poussière dont l'air est saturé leur donne l'apparence d'un brouillard lumineux; mais sur mer, comme sous mer, ces traits électriques se transmettent avec une incomparable pureté.

   Durante un cuarto de hora anduvimos por ese fondo de arena sembrado de una impalpable capa de polvo de conchas. El casco del Nautilus, perceptible como un largo escollo, desaparecía poco a poco, pero su fanal, cuando se hiciera la noche en medio de las aguas, facilitaría nuestro retorno a bordo, con la proyección de sus rayos nítidamente visibles. Efecto difícil de comprender para quien no ha visto más que en tierra esas luces blancas tan vivamente acusadas. Allí, el polvo que satura el aire les da la apariencia de una niebla luminosa; pero en el mar, como bajo el mar, esa luz se transmite con una incomparable pureza.

   Cependant, nous allions toujours, et la vaste plaine de sable semblait être sans bornes. J'écartais de la main les rideaux liquides qui se refermaient derrière moi, et la trace de mes pas s'effaçait soudain sous la pression de l'eau.

   Seguíamos caminando por aquella vasta llanura que parecía no tener límites. Al cortar con la mano la masa líquida que se cerraba tras de mí, comprobé que la huella de mis pasos se borraba inmediatamente bajo la presión del agua.

   Bientôt, quelques formes d'objets. à peine estompées dans l'éloignement, se dessinèrent à mes yeux. Je reconnus de magnifiques premiers plans de rochers, tapissés de zoophytes du plus bel échantillon, et je fus tout d'abord frappé d'un effet spécial à ce milieu.

   De repente, se dibujaron ante nuestros ojos algunas formas casi diluidas en la lejanía. Eran unas magníficas rocas tapizadas de las más bellas muestras de zoófitos. Pero lo que más llamó mi atención fue un efecto especial al medio en que me hallaba.

   Il était alors dix heures du matin. Les rayons du soleil frappaient la surface des flots sous un angle assez oblique, et au contact de leur lumière décomposée par la réfraction comme à travers un prisme, fleurs, rochers, plantules, coquillages, polypes, se nuançaient sur leurs bords des sept couleurs du spectre solaire. C'était une merveille, une fête des yeux, que cet enchevêtrement de tons colorés, une véritable kaléidoscopie de vert, de jaune, d'orange, de violet, d'indigo, de bleu, en un mot, toute la palette d'un coloriste enragé! Que ne pouvais-je communiquer à Conseil les vives sensations qui me montaient au cerveau, et rivaliser avec lui d'interjections admiratives! Que ne savais-je, comme le capitaine Nemo et son compagnon, échanger mes pensées au moyen de signes convenus! Aussi, faute de mieux, je me parlais à moi-même. je criais dans la boîte de cuivre qui coiffait ma tête, dépensant peut-être en vaines paroles plus d'air qu'il ne convenait.

   Eran en ese momento las diez de la mañana. Los rayos del sol tocaban la superficie de las aguas en un ángulo bastante oblicuo, y al contacto de su luz descompuesta por la refracción, como a través de un prisma, flores, rocas, plantas, conchas y pólipos se teñían en sus bordes de los siete colores del espectro. El entrelazamiento de colores era una maravilla, una fiesta para los ojos, un verdadero calidoscopio de verde, de amarillo, de naranja, de violeta, de añil, azul-… . en fin, toda la paleta de un furioso colorista. ¡Cuánto sentía no poder comunicar a Conseil las vivas sensaciones que me embargaban y rivalizar con él en exclamaciones de admiración! No sabía, como el capitán Nemo y su compañero, cambiar mis pensamientos por signos convenidos. Por ello, me hablaba a mí mismo y gritaba en la esfera de cobre que rodeaba mi cabeza, gastando así en vanas palabras más aire de lo conveniente.

   Devant ce splendide spectacle, Conseil s'était arrête comme moi. Évidemment, le digne garçon. en présence de ces échantillons de zoophytes et de mollusques, classait, classait toujours. Polypes et échinodermes abondaient sur le sol. Les isis variées, les cornulaires qui vivent isolément, des touffes d'oculines vierges, désignées autrefois sous le nom de «corail blanc», les fongies hérissées en forme de champignons, les anémones adhérant par leur disque musculaire, figuraient un parterre de fleurs, émaillé de porpites parées de leur collerette de tentacules azurés. d'étoiles de mer qui constellaient le sable, et d'astérophytons verruqueux, fines dentelles brodées par la main des naïades, dont les festons se balançaient aux faibles ondulations provoquées par notre marche. C'était un véritable chagrin pour moi d'écraser sous mes pas les brillants spécimens de mollusques qui jonchaient le sol par milliers, les peignes concentriques, les marteaux, les donaces, véritables coquilles bondissantes, les troques, les casques rouges, les strombes aile-d'ange, les aphysies, et tant d'autres produits de cet inépuisable Océan. Mais il fallait marcher, et nous allions en avant, pendant que voguaient au-dessus de nos têtes des troupes de physalies, laissant leurs tentacules d'outre-mer flotter à la traîne, des méduses dont l'ombrelle opaline ou rose tendre, festonnée d'un liston d'azur, nous abritait des rayons solaires, et des pélagies panopyres, qui, dans l'obscurité, eussent semé notre chemin de lueurs phosphorescentes!

   Ante tan espléndido espectáculo, Conseil se había detenido como yo. Evidentemente, en presencia de esas muestras de zoófitos y moluscos, el buen muchacho se dedicaba, como de costumbre, al placer de la clasificación. Pólipos y equinodermos abundaban en el suelo. Los isinos variados; las cornularias que viven en el aislamiento; racimos de oculinas vírgenes, en otro tiempo designadas con el nombre de «coral blanco»; las fungias erizadas en forma de hongos; las anémonas, adheridas por su disco muscular, semejaban un tapiz de flores esmaltado de porpites adornadas con su gorguera de tentáculos azulados; de estrellas de mar que constelaban la arena y de asterofitos verrugosos, finos encajes que se diría bordados por la mano de las náyades y cuyos festones se movían ante las ondulaciones provocadas por nuestra marcha. Sentía un verdadero pesar al tener que aplastar bajo mis pies los brillantes especímenes de moluscos que por millares sembraban el suelo: los peines concéntricos; los martillos; las donáceas, verdaderas conchas saltarinas; los trocos; los cascos rojos; los estrombos ala de-ángel; las afisias y tantos otros productos de este inagotable océano. Pero había que seguir andando y continuamos hacia adelante, mientras por encima de nuestras cabezas bogaban tropeles de fisalias con sus tentáculos azules flotando detrás como una estela, y medusas, cuyas ombrelas opalinas o rosáceas festoneadas por una raya azul nos «abrigaban» de los rayos solares, y pelagias noctilucas que, en la oscuridad, habrían sembrado nuestro camino de resplandores fosforescentes.

   Toutes ces merveilles, je les entrevis dans l'espace d'un quart de mille, m'arrêtant à peine, et suivant le capitaine Nemo, qui me rappelait d'un geste. Bientôt, la nature du sol se modifia. A la plaine de sable succéda une couche de vase visqueuse que les Américains nomment «oaze», uniquement composée de coquilies siliceuses ou calcaires. Puis, nous parcourûmes une prairie d'algues, plantes pélagiennes que les eaux n'avaient pas encore arrachées, et dont la végétation était fougueuse. Ces pelouses à tissu serré, douces au pied, eussent rivalisé avec les plus moelleux tapis tissés par la main des hommes. Mais, en même temps que la verdure s'étalait sous nos pas, elle n'abandonnait pas nos têtes. Un léger berceau de plantes marines, classées dans cette exubérante famille des algues, dont on connaît plus de deux mille espèces, se croisait à la surface des eaux. Je voyais flotter de longs rubans de fucus, les uns globuleux, les autres tubulés, des laurencies, des cladostèphes, au feuillage si délié, des rhodymènes palmés, semblables à des éventails de cactus. J'observai que les plantes vertes se maintenaient plus près de la surface de la mer, tandis que les rouges occupaient une profondeur moyenne, laissant aux hydrophytes noires ou brunes le soin de former les jardins et les parterres des couches reculées de l'Océan.

   Entreví todas esas maravillas en el espacio de un cuarto de milla, deteniéndome apenas y siguiendo al capitán Nemo que, de vez en cuando, me hacía alguna que otra señal. La naturaleza del suelo empezó a modificarse. A la llanura de arena sucedió una capa de barro viscoso que los americanos llaman oaze, compuesta únicamente de conchas silíceas o calcáreas. Luego recorrimos una pradera de algas, plantas pelágicas muy frondosas que las aguas no habían arrancado todavía. Aquel césped apretado y mullido habría podido rivalizar con las más blandas alfombras tejidas por la mano del hombre. Pero a la vez que bajo nuestros pies, la vegetación se extendía también sobre nuestras cabezas. Una ligera bóveda de plantas marinas, pertenecientes a la exuberante familia de las algas, de las que se conocen más de dos mil especies, se cruzaba en la superficie de las aguas. Veía flotar largas cintas de fucos, globulosos unos, tubulados otros, laurencias, cladóstefos de hojas finísimas, rodimenas palmeadas semejantes a abanicos de cactus. Observé que las plantas verdes se mantenían cerca de la superficie del mar, mientras que las rojas ocupaban una profundidad media, dejando el fondo a los hidrófilos negros u oscuros.

   Ces algues sont véritablement un prodige de la création, une des merveilles de la flore universelle. Cette famille produit à la fois les plus petits et les plus grands végétaux du globe. Car de même qu'on a compté quarante mille de ces imperceptibles plantules dans un espace de cinq millimètres carrés, de même on a recueilli des fucus dont la longueur dépassait cinq cents mètres.

   Estas algas son verdaderamente un prodigio de la creación, una de las maravillas de la flora universal. Esta familia forma a la vez los vegetales más pequeños y más grandes de la naturaleza. Así, si se han podido contar en un espacio de cinco milímetros cuadrados cuarenta mil de estas plantas, se han recogido también fucos de una longitud superior a quinientos metros.

   Nous avions quitté le Nautilus depuis une heure et demie environ. Il était près de midi. Je m'en aperçus à la perpendicularité des rayons solaires qui ne se réfractaient plus. La magie des couleurs disparut peu à peu, et les nuances de l'émeraude et du saphir s'effacèrent de notre firmament. Nous marchions d'un pas régulier qui résonnait sur le sol avec une intensité étonnante. Les moindres bruits se transmettaient avec une vitesse à laquelle l'oreille n'est pas habituée sur la terre. En effet, l'eau est pour le son un meilleur véhicule que l'air, et il s'y propage avec une rapidité quadruple.

   Hacía ya aproximadamente hora y media que habíamos salido del Nautilus. Era ya casi mediodía, a juzgar por la perpendicularidad de los rayos solares, que ya no se refractaban. La magia de los colores fue desapareciendo poco a poco, y los matices de la esmeralda y del zafiro se borraron de nuestro firmamento. Caminábamos a un paso regular que resonaba sobre el suelo con una gran intensidad. Los menores ruidos se transmitían con una rapidez a la que no está acostumbrado el oído en tierra. En efecto, el agua es para el sonido mejor vehículo que el aire y se propaga en ella con una rapidez cuatro veces mayor.

   En ce moment, le sol s'abaissa par une pente prononcée. La lumière prit une teinte uniforme. Nous atteignîmes une profondeur de cent mètres, subissant alors une pression de dix atmosphères. Mais mon vêtement de scaphandre était établi dans des conditions telles que je ne souffrais aucunement de cette pression. Je sentais seulement une certaine gêne aux articulations des doigts, et encore ce malaise ne tarda-t-il pas à disparaître. Quant à la fatigue que devait amener cette promenade de deux heures sous un harnachement dont j'avais si peu l'habitude, elle était nulle. Mes mouvements, aidés par l'eau, se produisaient avec une surprenante facilité.

   En aquel momento, el suelo adquirió un declive muy pronunciado. La luz cobró una tonalidad uniforme. Alcanzamos una profundidad de cien metros que nos sometió a una presión de diez atmósferas. Pero nuestros trajes estaban tan bien concebidos para ello que esa presión no me causó ningún sufrimiento. únicamente sentí una cierta molestia en las articulaciones de los dedos, pero fue pasajera. En cuanto al cansancio que debía producir un paseo de dos horas, embutido en una escafandra a la que no estaba acostumbrado, era prácticamente nulo, pues mis movimientos, ayudados por el agua, se producían con una sorprendente facilidad.

   Arrivé à cette profondeur de trois cents pieds, je percevais encore les rayons du soleil, mais faiblement. A leur éclat intense avait succédé un crépuscule rougeâtre. moyen terme entre le jour et la nuit. Cependant, nous voyions suffisamment à nous conduire. et il n'était pas encore nécessaire de mettre les appareils Ruhmkorff en activité.

   Llegados a una profundidad de trescientos pies, veíamos aún, pero débilmente, los rayos del sol. A su intensa luz había sucedido un crepúsculo rojizo, a medio término entre el día y la noche. Sin embargo, veíamos aún lo suficiente como para no necesitar del concurso de los aparatos Ruhmkorff.

   En ce moment, le capitaine Nemo s'arrêta. Il attendit que je l'eusse rejoint, et du doigt, il me montra quelques masses obscures qui s'accusaient dans l'ombre à une petite distance.

   El capitán Nemo se detuvo, esperó a que me uniera a él y entonces me mostró con el dedo unas masas negras que se destacaban en la oscuridad a corta distancia.

   «C'est la forêt de l'île Crespo», pensai-je, et je ne me trompais pas.

   «Es el bosque de la isla de Crespo», pensé. Y no me equivocaba.