Vingt mille lieues sous les mers

Veinte mil leguas de viaje submarino

   DEUXIÈME PARTIE

   Parte 2

   I

   Capítulo 1

   L'OCÉAN INDIEN

   El océano Índico

   Ici commence la seconde partie de ce voyage sous les mers. La première s'est terminée sur cette émouvante scène du cimetière de corail qui a laissé dans mon esprit une impression profonde. Ainsi donc, au sein de cette mer immense, la vie du capitaine Nemo se déroulait tout entière, et il n'était pas jusqu'à sa tombe qu'il n'eût préparée dans le plus impénétrable de ses abîmes. Là, pas un des monstres de l'Océan ne viendrait troubler le dernier sommeil de ces hôtes du Nautilus, de ces amis, rivés les uns aux autres, dans la mort aussi bien que dans la vie! «Nul homme, non plus!» avait ajouté le capitaine.

   Aquí comienza la segunda parte de este viaje bajo los mares. Terminó la primera con la conmovedora escena del cementerio de coral que tan profunda impresión ha dejado en mi ánimo.

Así, pues, el capitán Nemo no solamente vivía su vida en el seno de los mares, sino que también había elegido en ellos domicilio para su muerte, en ese cementerio que había preparado en el más impenetrable de sus abismos. Ningún monstruo del océano podría perturbar el último sueño de los habitantes del Nautilus, de aquellos hombres que se habían encadenado entre sí para la vida y para la muerte. «Ningún hombre, tampoco», había añadido el capitán, con unas palabras y un tono que confirmaban su feroz e implacable desconfianza hacia la sociedad humana.

   Toujours cette même défiance, farouche, implacable, envers les sociétés humaines!

   Pour moi, je ne me contentais plus des hypothèses qui satisfaisaient Conseil. Ce digne garçon persistait à ne voir dans le commandant du Nautilus qu'un de ces savants méconnus qui rendent à l'humanité mépris pour indifférence. C'était encore pour lui un génie incompris qui, las des déceptions de la terre, avait dû se réfugier dans cet inaccessible milieu où ses instincts s'exerçaient librement. Mais, à mon avis, cette hypothèse n'expliquait qu'un des cotes du capitaine Nemo.

   Había algo que me inducía a descartar la hipótesis sustentada por Conseil, quien persistía en considerar al comandante del Nautilus como uno de esos sabios desconocidos que responden con el desprecio a la indiferencia de la humanidad. Para Conseil, el capitán Nemo era un genio incomprendido que, cansado de las decepciones terrestres, había debido refugiarse en ese medio inaccesible en el que ejercía libremente sus instintos. Pero, en mi opinión, tal hipótesis no explicaba más que una de las facetas del capitán Nemo.

   En effet, le mystère de cette dernière nuit pendant laquelle nous avions été enchaînés dans la prison et le sommeil, la précaution si violemment prise par le capitaine d'arracher de mes yeux la lunette prête à parcourir l'horizon, la blessure mortelle de cet homme due à un choc inexplicable du Nautilus, tout cela me poussait dans une voie nouvelle. Non! le capitaine Nemo ne se contentait pas de fuir les hommes! Son formidable appareil servait non seulement ses instincts de liberté, mais peut-être aussi les intérêts de je ne sais quelles terribles représailles.

   El misterio de la noche en que se nos había recluido y narcotizado, el violento gesto del capitán al arrancarme el catalejo con el que me disponía a escrutar el horizonte, y la herida mortal de aquel hombre causada por un choque inexplicable del Nautilus, eran datos que me llevaban a plantearme el problema en otros términos. ¡No! ¡El capitán Nemo no se limitaba a rehuir a los hombres! ¡Su formidable aparato no era solamente un vehículo para sus instintos de libertad, sino también, tal vez, un instrumento puesto al servicio de no sé qué terribles represalias!

   En ce moment, rien n'est évident pour moi, je n'entrevois encore dans ces ténèbres que des lueurs, et je dois me borner à écrire, pour ainsi dire, sous la dictée des événements.

   Nada, sin embargo, es evidente para mí en este momento, en el que sólo me es dado entrever algún atisbo de luz en las tinieblas, por lo que debo limitarme a escribir, por así decirlo, al dictado de los acontecimientos.

   D'ailleurs rien ne nous lie au capitaine Nemo. Il sait que s'échapper du Nautilus est impossible. Nous ne sommes pas même prisonniers sur parole. Aucun engagement d'honneur ne nous enchaîne. Nous ne sommes que des captifs, que des prisonniers déguisés sous le nom d'hôtes par un semblant de courtoisie. Toutefois, Ned Land n'a pas renoncé à l'espoir de recouvrer sa liberté. Il est certain qu'il profitera de la première occasion que le hasard lui offrira. Je ferai comme lui sans doute. Et cependant, ce ne sera pas sans une sorte de regret que j'emporterai ce que la générosité du capitaine nous aura laissé pénétrer des mystères du Nautilus! Car enfin, faut-il haïr cet homme ou l'admirer? Est-ce une victime ou un bourreau? Et puis, pour être franc, je voudrais. avant de l'abandonner à jamais, je voudrais avoir accompli ce tour du monde sous-marin dont les débuts sont si magnifiques. Je voudrais avoir observé la complète série des merveilles entassées sous les mers du globe. Je voudrais avoir vu ce que nul homme n'a vu encore, quand je devrais payer de ma vie cet insatiable besoin d'apprendre! Qu'ai-je découvert jusqu'ici? Rien, ou presque rien, puisque nous n'avons encore parcouru que six mille lieues à travers le Pacifique!

   Nada nos liga al capitán Nemo, por otra parte. Él sabe que escaparse del Nautilus es imposible. Ningún compromiso de honor nos encadena a él, no habiendo empeñado nuestra palabra. No somos más que cautivos, sus prisioneros, aunque por cortesía él nos designe con el nombre de huéspedes.

Ned Land no ha renunciado a la esperanza de recobrar su libertad. Es seguro que ha de aprovechar la primera ocasión que pueda depararle el azar. Sin duda, yo haré como él. Y, sin embargo, sé que no podría llevarme sin un cierto pesar lo que la generosidad del capitán nos ha permitido conocer de los misterios del Nautilus. Pues, en último término, ¿hay que odiar o admirar a este hombre? ¿Es una víctima o un verdugo? Y, además, para ser franco, antes de abandonarle para siempre yo querría haber realizado esta vuelta al mundo bajo los mares, cuyos inicios han sido tan magníficos. Yo querría haber visto lo que ningún hombre ha visto todavía, aun cuando debiera pagar con mi vida esta insaciable necesidad de aprender. ¿Qué he descubierto hasta ahora? Nada, o casi nada, pues aún no hemos recorrido más que seis mil leguas a través del Pacífico.

   Pourtant je sais bien que le Nautilus se rapproche des terres habitées, et que, si quelque chance de salut s'offre à nous, il serait cruel de sacrifier mes compagnons à ma passion pour l'inconnu. Il faudra les suivre, peut-être même les guider. Mais cette occasion se présentera-t-elle jamais? L'homme privé par la force de son libre arbitre la désire, cette occasion, mais le savant, le curieux, la redoute.

   Sin embargo, sé que el Nautilus se aproxima a costas habitadas, y sé también que si se nos ofreciera alguna oportunidad de salvación sería cruel sacrificar a mis compañeros a mi pasión por lo desconocido. No tendré más remedio que seguirles, tal vez guiarles. Pero ¿se presentará alguna vez tal ocasión? El hombre, privado por la fuerza de su libre albedrío, la desea, pero el científico, el curioso, la teme.

   Ce jour-là, 21 janvier 1868, à midi, le second vint prendre la hauteur du soleil. Je montai sur la plate-forme, j'allumai un cigare, et je suivis l'opération. Il me parut évident que cet homme ne comprenait pas le français, car plusieurs fois je fis à voix haute des réflexions qui auraient dû lui arracher quelque signe involontaire d'attention, s'il les eût comprises, mais il resta impassible et muet.

   A mediodía de aquella jornada, la del 21 de enero de 1868, el segundo de a bordo subió a la plataforma a tomar la altura del sol. Yo encendí un cigarro y me entretuve en observar sus operaciones. Me pareció evidente que aquel hombre no comprendía el francés, pues permaneció mudo e impasible tantas veces cuantas yo expresé en voz alta mis comentarios, que, de haberlos comprendido, no habrían dejado de provocar en él algún signo involuntario de atención.

   Pendant qu'il observait au moyen du sextant. un des matelots du Nautilus cet homme vigoureux qui nous avait accompagnés lors de notre première excursion sous-marine à l'île Crespo vint nettoyer les vitres du fanal. J'examinai alors l'installation de cet appareil dont la puissance était centuplée par des anneaux lenticulaires disposés comme ceux des phares, et qui maintenaient sa lumière dans le plan utile. La lampe électrique était combinée de manière à donner tout son pouvoir éclairant. Sa lumière, en effet, se produisait dans le vide, ce qui assurait à la fois sa régularité et son intensité. Ce vide économisait aussi les pointes de graphite entre lesquelles se développe l'arc lumineux. Économie importante pour le capitaine Nemo, qui n'aurait pu les renouveler aisément. Mais, dans ces conditions, leur usure était presque insensible.

   Mientras él efectuaba sus observaciones por medio del sextante, uno de los marineros del Nautilus -el mismo que nos había acompañado en nuestra excursión submarina a la isla de Crespo -vino a limpiar los cristales del fanal. Eso me hizo observar con atención la instalación del aparato cuya potencia se centuplicaba gracias a los anillos lenticulares, dispuestos como los de los faros, que mantenían su luz en la orientación adecuada. La lámpara eléctrica estaba concebida para su máximo rendimiento posible. En efecto, su luz se producía en el vacío, lo que aseguraba su regularidad a la vez que su intensidad. El vacío economizaba también el deterioro de los filamentos de grafito sobre los que va montado el arco luminoso. Y esa economía era importante para el capitán Nemo, que no hubiera podido renovar con facilidad sus filamentos. El deterioro de éstos en esas condiciones era mínimo.

   Lorsque le Nautilus se prépara à reprendre sa marche sous-marine, je redescendis au salon. Les panneaux se refermèrent, et la route fut donnée directement à l'ouest.

   Al disponerse el Nautilus a practicar su inmersión, descendí al salón. Se cerraron las escotillas y se puso rumbo directo al Oeste.

   Nous sillonnions alors les flots de l'océan Indien, vaste plaine liquide d'une contenance de cinq cent cinquante millions d'hectares, et dont les eaux sont si transparentes qu'elles donnent le vertige à qui se penche à leur surface. Le Nautilus y flottait généralement entre cent et deux cents mètres de profondeur. Ce fut ainsi pendant quelques jours. A tout autre que moi, pris d'un immense amour de la mer, les heures eussent sans doute paru longues et monotones; mais ces promenades quotidiennes sur la plate-forme où je me retrempais dans l'air vivifiant de l'Océan, le spectacle de ces riches eaux à travers les vitres du salon, la lecture des livres de la bibliothèque, la rédaction de mes mémoires, employaient tout mon temps et ne me laissaient pas un moment de lassitude ou d'ennui.

   Estábamos surcando las aguas del océano Indico, vasta llanura líquida de una extensión de quinientos cincuenta millones de hectáreas, cuya transparencia es tan grande que da vértigo a quien se asoma a su superficie.

Durante varios días, el Nautilus navegó entre cien y doscientos metros de profundidad.

A cualquier otro se le hubieran hecho largas y monótonas las horas. Pero a mí, poseído de un inmenso amor al mar, los paseos cotidianos por la plataforma al aire vivificante del océano, el espectáculo fascinante de las aguas a través de los cristales del salón, la lectura de los libros de la biblioteca y la redacción de mis memorias, ocupaban todo mi tiempo sin dejarme ni un momento de cansancio o de aburrimiento.

   Notre santé à tous se maintenait dans un état très satisfaisant. Le régime du bord nous convenait parfaitement, et pour mon compte, je me serais bien passé des variantes que Ned Land, par esprit de protestation, s'ingéniait à y apporter. De plus, dans cette température constante, il n'y avait pas même un rhume à craindre. D'ailleurs, ce madréporaire Dendrophyllée, connu en Provence sous le nom de «Fenouil de mer», et dont il existait une certaine réserve à bord, eût fourni avec la chair fondante de ses polypes une pâte excellente contre la toux.

   La salud de todos se mantenía en un estado muy satisfactorio. La dieta de a bordo era perfectamente adecuada a nuestras necesidades, y yo me habría pasado muy bien sin las variantes que en ella introducía Ned Land por espíritu de protesta. Además, en aquella temperatura constante no había que temer el más mínimo catarro. Por otra parte, la dendrofilia, ese madrepórico que se conoce en Provenza con el nombre de «hinojo marino», de la que había una buena reserva a bordo, habría suministrado, con la carne de sus pólipos, una pasta excelente para la tos.

   Pendant quelques jours, nous vîmes une grande quantité d'oiseaux aquatiques, palmipèdes, mouettes ou goélands. Quelques-uns furent adroitement tués, et, préparés d'une certaine façon, ils fournirent un gibier d'eau très acceptable. Parmi les grands voiliers, emportés à de longues distances de toutes terres, et qui se reposent sur les flots des fatigues du vol, j'aperçus de magnifiques albatros au cri discordant comme un braiement d'âne, oiseaux qui appartiennent à la famille des longipennes. La famille des totipalmes était représentée par des frégates rapides qui pêchaient prestement les poissons de la surface, et par de nombreux phaétons ou paille-en-queue, entre autres, ce phaéton à brins rouges, gros comme un pigeon, et dont le plumage blanc est nuancé de tons roses qui font valoir la teinte noire des ailes.

   Durante algunos días vimos una gran cantidad de aves acuáticas, palmípedas y gaviotas. Algunas de ellas pasaron a la cocina para ofrecernos una aceptable variación a los menús marinos que constituían nuestro régimen. Entre los grandes veleros, que se alejan de tierra a distancias considerables y descansan sobre el agua de la fatiga del vuelo, vi magníficos albatros, aves pertenecientes a la familia de las longipennes y que se caracterizan por sus gritos discordantes como el rebuzno de un asno. La familia de las pelecaniformes estaba representada por rápidas fragatas que pescaban con gran ligereza los peces de la superficie y por numerosos faetones, entre ellos el de manchitas rojas, del tamaño de una paloma, cuyo blanco plumaje está matizado de colores rosáceos que contrastan vivamente con el color negro de las alas.

   Les filets du Nautilus rapportèrent plusieurs sortes de tortues marines, du genre caret, à dos bombé, et dont l'écaille est très estimée. Ces reptiles, qui plongent facilement, peuvent se maintenir longtemps sous l'eau en fermant la soupape charnue située à l'orifice externe de leur canal nasal. Quelques-uns de ces carets, lorsqu'on les prit, dormaient encore dans leur carapace, à l'abri des animaux marins. La chair de ces tortues était généralement médiocre, mais leurs oeufs formaient un régal excellent.

   Las redes del Nautilus nos ofrecieron algunos careys, tortugas marinas cuya concha es muy estimada. Estos reptiles se sumergen muy fácilmente y pueden mantenerse largo tiempo bajo el agua cerrando la válvula carnosa que tienen en el orificio externo de su canal nasal. A algunos de ellos se les cogió cuando dormían bajo su caparazón, al abrigo de los animales marinos. La carne de aquellas tortugas era bastante mediocre, pero sus huevos eran un excelente manjar.

   Quant aux poissons, ils provoquaient toujours notre admiration, quand nous surprenions à travers les panneaux ouverts les secrets de leur vie aquatique. Je remarquai plusieurs espèces qu'il ne m'avait pas été donné d'observer jusqu'alors.

   Los peces continuaban sumiéndonos en la mayor admiración, cuando a través de los cristales del Nautilus sorprendíamos los secretos de su vida acuática. Vi algunas especies que no me había sido dado poder observar hasta entonces.

   Je citerai principalement des ostracions particuliers à la mer Rouge, à la mer des Indes et à cette partie de l'Océan qui baigne les côtes de l'Amérique équinoxiale. Ces poissons, comme les tortues, les tatous, les oursins, les crustacés, sont protégés par une cuirasse qui n'est ni crétacée, ni pierreuse, mais véritablement osseuse. Tantôt, elle affecte la forme d'un solide triangulaire, tantôt la forme d'un solide quadrangulaire. Parmi les triangulaires, j'en notai quelques-uns d'une longueur d'un demi-décimètre, d'une chair salubre, d'un goût exquis, bruns à la queue, jaunes aux nageoires, et dont je recommande l'acclimatation même dans les eaux douces, auxquelles d'ailleurs un certain nombre de poissons de mer s'accoutument aisément. Je citerai aussi des ostracions quadrangulaires. surmontés sur le dos de quatre gros tubercules: des ostracions mouchetés de points blancs sous la partie inférieure du corps, qui s'apprivoisent comme des oiseaux; des trigones, pourvus d'aiguillons formés par la prolongation de leur croûte osseuse, et auxquels leur singulier grognement a valu le surnom de «cochons de mer»; puis des dromadaires à grosses bosses en forme de cône, dont la chair est dure et coriace.

   Entre ellas citaré los ostracios, habitantes del mar Rojo, de las aguas del Indico y de las que bañan las costas de la América equinoccial. Estos peces, al igual que las tortugas, los armadiros, los erizos de mar y los crustáceos, se protegen bajo una coraza que no es pétrea ni cretácea, sino verdaderamente ósea. Algunos de estos ostracios o peces cofre tienen una forma triangular y otros cuadrangular. Entre los triangulares, había algunos de medio decímetro de longitud, de una carne excelente, marrones en la cola y amarillos en las aletas, cuya aclimatación a las aguas dulces yo recomendaría. Hay un cierto número de peces marinos que pueden acostumbrarse fácilmente al agua dulce. Citaré también ostracios cuadrangulares, de cuyo dorso sobresalían cuatro grandes tubérculos, y otros con manchitas blancas en la parte inferior, que son tan domesticables como los pájaros; trigones, provistos de aguijones formados por la prolongación de sus placas óseas, a los que su singular gruñido les ha ganado el nombre de «cerdos marinos», y los llamados dromedarios por sus gruesas gibas en forma de cono, cuya carne es dura y coriácea.

   Je relève encore sur les notes quotidiennes tenues par maître Conseil certains poissons du genre tétrodons, particuliers à ces mers, des spenglériens au dos rouge, à la poitrine blanche, qui se distinguent par trois rangées longitudinales de filaments, et des électriques, longs de sept pouces, parés des plus vives couleurs. Puis, comme échantillons d'autres genres, des ovoïdes semblables à un oeuf d'un brun noir, sillonnés de bandelettes blanches et dépourvus de queue; des diodons. véritables porcs-épics de la mer, munis d'aiguillons et pouvant se gonfler de manière à former une pelote hérissée de dards; des hippocampes communs à tous les océans; des pégases volants, à museau allongé, auxquels leurs nageoires pectorales, très étendues et disposées en forme d'ailes, permettent sinon de voler, du moins de s'élancer dans les airs; des pigeons spatulés, dont la queue est couverte de nombreux anneaux écailleux; des macrognathes à longue mâchoire, excellents poissons longs de vingt-cinq centimètres et brillants des plus agréables couleurs; des calliomores livides, dont la tête est rugueuse; des myriades de blennies-sauteurs, rayés de noir, aux longues nageoires pectorales, glissant à la surface des eaux avec une prodigieuse vélocité; de délicieux vélifères, qui peuvent hisser leurs nageoires comme autant de voiles déployées aux courants favorables; des kurtes splendides, auxquels la nature a prodigué le jaune, le bleu céleste, l'argent et l'or; des trichoptères, dont les ailes sont formées de filaments; des cottes, toujours maculées de limon, qui produisent un certain bruissement; des trygles, dont le foie est considéré comme poison; des bodians, qui portent sur les yeux une oeillère mobile; enfin des soufflets, au museau long et tubuleux, véritables gobe-mouches de l'Océan, armés d'un fusil que n'ont prévu ni les Chassepot ni les Remington, et qui tuent les insectes en les frappant d'une simple goutte d'eau.

   En las notas diariamente redactadas por «el profesor» Conseil veo también constancia de algunos peces del género de los tetrodones, propios de estos mares, espenglerianos con el dorso rojo y el vientre blanco, que se distinguen por tres hileras longitudinales de filamentos, y eléctricos ornados de vivos colores, de unas siete pulgadas de longitud. También, como muestras de otros géneros, ovoides, así Hamados por su semejanza con un huevo, de color marrón oscuro surcado de franjas blancas y desprovistos de cola; diodones, verdaderos puercoespines del mar, que pueden hincharse como una pelota de erizadas púas; hipocampos, comunes a todos los océanos; pegasos volantes de hocico alargado, cuyas aletas pectorales, muy extendidas y dispuestas en forma de alas, les permiten si no volar, sí, al menos, saltar por el aire; pegasos espatulados, con la cola cubierta por numerosos anillos escamosos; macrognatos, así llamados por sus grandes mandíbulas, de unos veinticinco centímetros de longitud, de hermosos y muy brillantes colores, y cuya carne es muy apreciada; caliónimos hvidos, de cabeza rugosa; miríadas de blenios saltadores, rayados de negro, que con sus largas aletas pectorales se deslizan por la superficie del agua con una prodigiosa rapidez; deliciosos peces veleros que levantan sus aletas como velas desplegadas a las corrientes favorables; espléndidos kurtos engalanados por la naturaleza con el amarillo, azul celeste, plata y oro; tricópteros, cuyas alas están formadas por radios filamentosos; los cotos, siempre manchados de cieno, que producen un cierto zumbido; las triglas, cuyo hígado es considerado venenoso; los serranos, con una especie de anteojeras sobre los ojos, y, por último, esos quetodontes de hocico alargado y tubular llamados arqueros, verdaderos papamoscas marinos que, armados de un fusil no inventado por los Chassepot o por los Remington, matan a los insectos disparándoles una simple gota de agua.

   Dans le quatre-vingt-neuvième genre des poissons classés par Lacépède, qui appartient à la seconde sous-classe des osseux, caractérisés par un opercule et une membrane bronchiale, je remarquai la scorpène, dont la tête est garnie d'aiguillons et qui ne possède qu'une seule nageoire dorsale; ces animaux sont revêtus ou privés de petites écailles, suivant le sous-genre auquel ils appartiennent. Le second sous-genre nous donna des échantillons de dydactyles longs de trois à quatre décimètres, rayés de jaune, mais dont la tête est d'un aspect fantastique. Quant au premier sous-genre, il fournit plusieurs spécimens de ce poisson bizarre justement surnommé «crapaud de mer», poisson à tête grande, tantôt creusée de sinus profonds, tantôt boursouflée de protubérances; hérissé d'aiguillons et parsemé de tubercules, il porte des cornes irrégulières et hideuses; son corps et sa queue sont garnis de callosités; ses piquants font des blessures dangereuses; il est répugnant et horrible.

   En el octogesimonono género de la clasificación ictiológica de Lacepède, dentro de la segunda subclase de los óseos, caracterizados por un opérculo y una membrana branquial, figura la escorpena, en la que pude observar su cabeza armada de fuertes púas y su única aleta dorsal. Los escorpénidos están revestidos o privados de pequeñas escamas, según el subgénero al que pertenezcan. Al segundo subgénero correspondían los ejemplares de didáctilos que pudimos ver, rayados de amarillo, de tres a cuatro decímetros tan sólo de longitud, pero con una cabeza de aspecto realmente fantástico. En cuanto al primer subgénero, pudimos ver varios ejemplares de ese extrañísimo pez justamente llamado «sapo de mar», con una cabeza enorme y deformada tanto por profundas depresiones como por grandes protuberancias; erizado de púas y sembrado de tubérculos, tiene unos cuernos irregulares, de aspecto horroroso; su cuerpo y su cola están llenos de callosidades; sus púas causan heridas muy peligrosas. Es un pez realmente horrible, repugnante.

   Du 21 au 23 janvier, le Nautilus marcha à raison de deux cent cinquante lieues par vingt-quatre heures, soit cinq cent quarante milles, ou vingt-deux milles à l'heure.

   Del 21 al 23 de enero, el Nautilus navegó a razón de doscientas cincuenta leguas diarias, o sea, quinientas cuarenta millas, a una velocidad media de veintidós millas por hora.

   Si nous reconnaissions au passage les diverses variétés de poissons, c'est que ceux-ci, attirés par l'éclat électrique, cherchaient à nous accompagner; la plupart, distancés par cette vitesse, restaient bientôt en arrière; quelques-uns cependant parvenaient à se maintenir pendant un certain temps dans les eaux du Nautilus.

   Nuestra observación, al paso, de las diferentes variedades de peces era posible porque, atraídos éstos por la luz eléctrica, trataban de acompañarnos. La mayor parte quedaban rápidamente distanciados por la velocidad del Nautilus, pero los había, sin embargo, que conseguían mantenerse algún tiempo en su compañía.

   Le 24 au matin, par 12°5' de latitude sud et 94°33' de longitude, nous eûmes connaissance de l'île Keeling, soulèvement madréporique planté de magnifiques cocos, et qui fut visitée par M. Darwin et le capitaine Fitz-Roy. Le Nautilus prolongea à peu de distance les accores de cette île déserte. Ses dragues rapportèrent de nombreux échantillons de polypes et d'échinodermes, et des tests curieux de l'embranchement des mollusques. Quelques précieux produits de l'espèce des dauphinules accrurent les trésors du capitaine Nemo, auquel je joignis une astrée punctifère, sorte de polypier parasite souvent fixé sur une coquille.

   En la mañana del 24, nos hallábamos a 12º 5' de latitud Sur y 94º 33'de longitud, en las proximidades de la isla Keeling, de edificación madrepórica, plantada de magníficos cocoteros, que fue visitada por Darwin y el capitán Fitz Roy. El Nautilus navegó a escasa distancia de esa isla desierta. Sus dragas hicieron una buena captura de pólipos, equinodermos y conchas de moluscos. Los tesoros del capitán Nemo se incrementaron con algunos preciosos ejemplares de la especie de las delfinulas, a las que añadí una astrea puntífera, especie de polípero parásito que se fija a menudo en una concha.

   Bientôt l'île Keeling disparut sous l'horizon, et la route fut donnée au nord-ouest vers la pointe de la péninsule indienne.

   Pronto desapareció del horizonte la isla Keeling y se puso rumbo al Noroeste, hacia la punta de la península india.

   «Des terres civilisées, me dit ce jour-là Ned Land. Cela vaudra mieux que ces îles de la Papouasie, où l'on rencontre plus de sauvages que de chevreuils! Sur cette terre indienne, monsieur le professeur, il y a des routes, des chemins de fer, des villes anglaises, françaises et indoues. On ne ferait pas cinq milles sans y rencontrer un compatriote. Hein! est-ce que le moment n'est pas venu de brûler la politesse au capitaine Nemo?

   -Tierras civilizadas -me dijo aquel día Ned Land-, mejores que las de esas islas de la Papuasia en las que se encuentra uno más salvajes que venados. En esas tierras de la India, señor profesor, hay carreteras, ferrocarriles, ciudades inglesas, francesas y asiáticas. No se pueden recorrer cinco millas sin encontrar un compatriota. ¿No cree usted que ha llegado el momento de despedirnos del capitán Nemo?

   — Non. Ned, non, répondis-je d'un ton très déterminé. Laissons courir, comme vous dites, vous autres marins. Le Nautilus se rapproche des continents habités. Il revient vers l'Europe, qu'il nous y conduise. Une fois arrivés dans nos mers, nous verrons ce que la prudence nous conseillera de tenter. D'ailleurs, je ne suppose pas que le capitaine Nemo nous permette d'aller chasser sur les côtes du Malabar ou de Coromandel comme dans les forêts de la Nouvelle-Guinée.

   -No, Ned. No -le respondí tajantemente-. El Nautilus se está acercando a los continentes habitados. Vuelve a Europa, deje usted que nos lleve allí. Una vez llegados a nuestros mares, veremos lo que podamos hacer. Por otra parte, no creo yo que el capitán Nemo nos permitiera ir de caza por las costas de Malabar o de Coromandel, como en las selvas de Nueva Guinea.

   — Eh bien! monsieur, ne peut-on se passer de sa permission?»

   -¿Es que necesitamos acaso de su permiso?

   Je ne répondis pas au Canadien. Je ne voulais pas discuter. Au fond, j'avais à coeur d'épuiser jusqu'au bout les hasards de la destinée qui m'avait jeté à bord du Nautilus.

   No respondí al canadiense. No quería discutir. En el fondo, lo que yo deseaba de todo corazón era recorrer hasta el fin los caminos del azar, del destino que me había llevado a bordo del Nautilus.

   A partir de l'île Keeling, notre marche se ralentit généralement. Elle fut aussi plus capricieuse et nous entraîna souvent à de grandes profondeurs. On fit plusieurs fois usage des plans inclinés que des leviers intérieurs pouvaient placer obliquement à la ligne de flottaison. Nous allâmes ainsi jusqu'à deux et trois kilomètres, mais sans jamais avoir vérifié les grands fonds de cette mer indienne que des sondes de treize mille mètres n'ont pas pu atteindre. Quant à la température des basses couches, le thermomètre indiqua toujours invariablement quatre degrés au-dessus de zéro. J'observai seulement que, dans les nappes supérieures, l'eau était toujours plus froide sur les hauts fonds qu'en pleine mer.

   A partir de la isla Keeling, nuestra marcha se tornó más lenta y más caprichosa, con frecuentes incursiones por las grandes profundidades. En efecto, se hizo uso en varias ocasiones de los planos inclinados por medio de palancas interiores que los disponían oblicuamente a la línea de flotación. Descendimos así hasta dos y tres kilómetros, pero sin llegar a tocar fondo en esos mares en los que se han hecho sondeos de hasta trece mil metros sin poder alcanzarlo. En cuanto a la temperatura de las capas bajas, el termómetro indicó invariablemente cuatro grados sobre cero en todos los descensos. Pude observar que, en las capas superiores, el agua estaba siempre más fría sobre los altos fondos que en alta mar.

   Le 25 janvier, l'Océan étant absolument désert, le Nautilus passa la journée à sa surface, battant les flots de sa puissante hélice et les faisant rejaillir à une grande hauteur. Comment, dans ces conditions, ne l'eût-on pas pris pour un cétacé gigantesque? Je passai les trois quarts de cette journée sur la plate-forme. Je regardais la mer. Rien à l'horizon, si ce n'est, vers quatre heures du soir, un long steamer qui courait dans l'ouest à contrebord. Sa mâture fut visible un instant, mais il ne pouvait apercevoir le Nautilus, trop ras sur l'eau. Je pensai que ce bateau à vapeur appartenait à la ligne péninsulaire et orientale qui fait le service de l'île de Ceyland à Sydney, en touchant à la pointe du roi George et à Melbourne.

   El 25 de enero, el océano estaba absolutamente desierto. El Nautilus pasó toda la jornada en la superficie batiendo con su potente hélice las olas que hacía saltar a gran altura. ¿Quién al verlo así no lo hubiera tomado por un gigantesco cetáceo?

Pasé las tres cuartas partes de aquella jornada sobre la plataforma, contemplando el mar. Nada en el horizonte, con la unica excepción de un vapor al que avisté hacia las cuatro de la tarde navegando hacia el Oeste. Su arboladura fue visible un instante, pero su tripulación no podía ver al Nautilus, demasiado a ras de agua. Yo supuse que el vapor debía pertenecer a la línea Peninsular y Oriental que cubre el servicio de Ceilán a Sidney, con escalas en la punta del Rey George y en Melbourne.

   A cinq heures du soir. avant ce rapide crépuscule qui lie le jour à la nuit dans les zones tropicales, Conseil et moi nous fûmes émerveillés par un curieux spectacle.

   Hacia las cinco de la tarde, antes de ese rapidísimo crepúsculo que apenas separa el día de la noche en esas zonas tropicales, Conseil y yo tuvimos ocasión de presenciar, maravillados, un curioso espectáculo.

   Il est un charmant animal dont la rencontre, suivant les anciens, présageait des chances heureuses. Aristote, Athénée, Pline, Oppien, avaient étudié ses goûts et épuisé à son égard toute la poétique des savants de la Grèce et de l'Italie. Ils l'appelèrent Nautilus et Pompylius. Mais la science moderne n'a pas ratifié leur appellation, et ce mollusque est maintenant connu sous le nom d'Argonaute.

   Hay un gracioso animal cuyo encuentro presagiaba para los antiguos venturosas perspectivas. Aristóteles, Ateneo, Plinio y Opiano estudiaron su comportamiento y volcaron en sus descripciones todo el lirismo de que eran capaces los sabios de Grecia y de Italia. Lo llamaron Nautilus y Pompilius, denominación no ratificada por la ciencia moderna que ha aplicado a este molusco la de argonauta.

   Qui eût consulté Conseil eût appris de ce brave garçon que l'embranchement des mollusques se divise en cinq classes; que la première classe, celle des céphalopodes dont les sujets sont tantôt nus, tantôt testacés, comprend deux familles, celles des dibranchiaux et des tétrabranchiaux, qui se distinguent par le nombre de leurs branches: que la famille des dibranchiaux renferme trois genres, l'argonaute, le calmar et la seiche, et que la famille des tétrabranchiaux n'en contient qu'un seul, le nautile. Si après cette nomenclature. un esprit rebelle eût confondu l'argonaute, qui est acétabulifère, c'est-à-dire porteur de ventouses, avec le nautile, qui est tentaculifère, c'est-à-dire porteur de tentacules, il aurait été sans excuse.

   Quien hubiera consultado a Conseil habría sabido que los moluscos se dividen en cinco clases, la primera de las cuales, la de los cefalópodos, en sus dos variedades de desnudos y de testáceos, comprende a su vez dos familias: la de los dibranquios y la de los tetrabranquios, en función de su número de branquias. Hubiera sabido asimismo que la familia de los dibranquios contiene tres géneros: el argonauta, el calamar y la jibia, en tanto que la de los tetrabranquios tiene uno sólo: el nautilo. Si después de esta explicación de nomenclatura, un entendimiento rebelde confundiera al argonauta, que es acetabulífero, es decir, portador de ventosas con el nautdo, que es tentaculífero, es decir, portador de ten táculos, no tendría perdón.

   Or, c'était une troupe de ces argonautes qui voyageait alors à la surface de l'Océan. Nous pouvions en compter plusieurs centaines. Ils appartenaient à l'espèce des argonautes tuberculés qui est spéciale aux mers de l'Inde.

   Eran argonautas, y en una cantidad de varios centenares, los que acompañaban al Nautilus. Pertenecían a la especie de los argonautas tuberculados, propia de los mares de la India.

   Ces gracieux mollusques se mouvaient à reculons au moyen de leur tube locomoteur en chassant par ce tube l'eau qu'ils avaient aspirée. De leurs huit tentacules. six. allongés et amincis. flottaient sur l'eau, tandis que les deux autres. arrondis en palmes, se tendaient au vent comme une voile légère. Je voyais parfaitement leur coquille spiraliforme et ondulée que Cuvier compare justement à une élégante chaloupe. Véritable bateau en effet. Il transporte l'animal qui l'a sécrété, sans que l'animal y adhère.

   Los graciosos moluscos se movían a reculones por medio de su tubo locomotor a través del cual expulsaban el agua que habían aspirado. De sus ocho brazos, seis, finos y alargados, flotaban en el agua, mientras los dos restantes, redondeados, se tendían al viento como una vela ligera. Veía yo perfectamente su concha espiraliforme y ondulada que Cuvier ha comparado a una elegante chalupa. Y es, en efecto, un verdadero barquito que transporta al animal que lo ha secretado, sin adherencia entre ambos.

   «L'argonaute est libre de quitter sa coquille, dis-je à Conseil, mais il ne la quitte jamais.

   -El argonauta es libre de abandonar su concha -le dije a Conseil-, pero nunca lo hace.

   — Ainsi fait le capitaine Nemo. répondit judicieusement Conseil. C'est pourquoi il eût mieux fait d'appeler son navire l'Argonaute.»

   -Lo mismo que el capitán Nemo -respondió atinada mente Conseil-. Por eso hubiera hecho mejor en llamar a su navío El Argonauta.

   Pendant une heure environ. Le Nautilus flotta au milieu de cette troupe de mollusques. Puis, je ne sais quel effroi les prit soudain. Comme à un signal, toutes les voiles furent subitement amenées; les bras se replièrent, les corps se contractèrent. Les coquilles se renversant changèrent leur centre de gravité, et toute la flottille disparut sous les flots. Ce fut instantané, et jamais navires d'une escadre ne manoeuvrèrent avec plus d'ensemble.

   Durante casi una hora navegó el Nautilus en medio de aquellos moluscos, hasta que, súbitamente, espantados, al parecer, por algo que ignoro, y como respondiendo a una señal, arriaron las velas, replegaron los brazos, contrajeron los cuerpos y cambiaron el centro de gravedad al invertir la posición de las conchas. En un instante, toda la flotilla desapareció bajo las olas con una simultaneidad y acompasamiento nunca igualados por los navíos de una escuadra.

   En ce moment, la nuit tomba subitement, et les lames, à peine soulevées par la brise, s'allongèrent paisiblement sous les précintes du Nautilus.

   La desaparición de los argonautas coincidió con la súbita caída de la noche. Las olas, apenas levantadas por la brisa, golpeaban los flancos del Nautilus.

   Le lendemain, 26 janvier, nous coupions l'Équateur sur le quatre-vingt-deuxième méridien, et nous rentrions dans l'hémisphère boréal.

   Al día siguiente, 26 de enero, cortábamos el ecuador por el meridiano noventa y regresábamos al hemisferio boreal.

   Pendant cette journée, une formidable troupe de squales nous fit cortège. Terribles animaux qui pullulent dans ces mers et les rendent fort dangereuses. C'étaient des squales philipps au dos brun et au ventre blanchâtre armés de onze rangées de dents, des squales oeillés dont le cou est marqué d'une grande tache noire cerclée de blanc qui ressemble à un oeil. des squales isabelle à museau arrondi et semé de points obscurs. Souvent, ces puissants animaux se précipitaient contre la vitre du salon avec une violence peu rassurante. Ned Land ne se possédait plus alors. Il voulait remonter à la surface des flots et harponner ces monstres, surtout certains squales émissoles dont la gueule est pavée de dents disposées comme une mosaïque, et de grands squales tigrés, longs de cinq mètres, qui le provoquaient avec une insistance toute particulière. Mais bientôt le Nautilus, accroissant sa vitesse, laissa facilement en arrière les plus rapides de ces requins.

   Durante aquel día tuvimos por cortejo una formidable tropa de escualos, terribles animales que pululan en estos mares haciéndolos muy peligrosos. Eran escualos filipos de lomo oscuro y vientre blancuzco, armados de once hileras de dientes; escualos ojeteados con el cuello marcado por una gran mancha negra rodeada de blanco que parece un ojo; isabelos de hocico redondeado y manchado de puntos oscuros. De vez en cuando, los potentes tiburones se precipitaban contra el cristal de nuestro observatorio con una violencia inquietante, que ponía fuera de sí a Ned Land. Quería subir a la superficie y arponear a los monstruos, sobre todo a algunos emisoles con la boca empedrada de dientes dispuestos como un mosaico, y a los tigres, de cinco metros de longitud, que le provocaban con una particular insistencia. Pero el Nautilus aumentó su velocidad y no tardó en dejar rezagados a los más rápidos de aquellos tiburones.

   Le 27 janvier, à l'ouvert du vaste golfe du Bengale, nous rencontrâmes à plusieurs reprises, spectacle sinistre! des cadavres qui flottaient à la surface des flots. C'étaient les morts des villes indiennes. charriés par le Gange jusqu'à la haute mer, et que les vautours, les seuls ensevelisseurs du pays, n'avaient pas achevé de dévorer. Mais les squales ne manquaient pas pour les aider dans leur funèbre besogne.

   El 27 de enero, a la entrada del vasto golfo de Bengala, pudimos ver en varias ocasiones el siniestro espectáculo de cadáveres flotantes. Eran los muertos de las ciudades de la India llevados a alta mar por la corriente del Ganges, ya devorados a medias por los buitres, los únicos sepultureros del país. Pero no faltaban allí escualos para ayudarles en su fúnebre tarea. Hacia las siete de la tarde, el Nautilus, navegando a flor de agua, se halló en medio de un mar blanquecino que se diría de leche.

   Vers sept heures du soir, le Nautilus à demi immergé navigua au milieu d'une mer de lait. A perte de vue l'Océan semblait être lactifié. Était-ce l'effet des rayons lunaires? Non, car la lune, ayant deux jours à peine, était encore perdue au-dessous de l'horizon dans les rayons du soleil. Tout le ciel, quoique éclairé par le rayonnement sidéral, semblait noir par contraste avec la blancheur des eaux.

   El extraño efecto no se debía a los rayos lunares, pues la luna apenas se había levantado aún en el horizonte. Todo el cielo, aunque iluminado por la radiación sideral, parecía negro por contraste con la blancura de las aguas.

   Conseil ne pouvait en croire ses yeux, et il m'interrogeait sur les causes de ce singulier phénomène. Heureusement, j'étais en mesure de lui répondre.

   Conseil no podía dar crédito a sus ojos y me interrogó sobre las causas del singular fenómeno.

   «C'est ce qu'on appelle une mer de lait, lui dis-je, vaste étendue de flots blancs qui se voit fréquemment sur les côtes d'Amboine et dans ces parages.

   -Es lo que se llama un mar de leche -le respondí-, una vasta extensión de olas blancas que puede verse frecuentemente en las costas de Amboine y en estos parajes.

   — Mais, demanda Conseil, monsieur peut-il m'apprendre quelle cause produit un pareil effet. car cette eau ne s'est pas changée en lait, je suppose!

   -Pero ¿puede decirme el señor cuál es la causa de este singular efecto? Porque no creo yo que el agua se haya transformado en leche.

   — Non, mon garçon, et cette blancheur qui te surprend n'est due qu'à la présence de myriades de bestioles infusoires, sortes de petits vers lumineux, d'un aspect gélatineux et incolore, de l'épaisseur d'un cheveu, et dont la longueur ne dépasse pas un cinquième de millimètre. Quelques-unes de ces bestioles adhèrent entre elles pendant l'espace de plusieurs lieues.

   -Claro que no. Esta blancura que tanto te sorprende es debida a la presencia de miríadas de infusorios, una especie de gusanillos luminosos, incoloros y gelatinosos, del grosor de un cabello y con una longitud que no pasa de la quinta parte de un milímetro. Estos infusorios se adhieren entre sí formando una masa que se extiende sobre varias leguas.

   — Plusieurs lieues! s'écria Conseil.

   -¿Leguas? ¿Es posible?

   — Oui, mon garçon, et ne cherche pas à supputer le nombre de ces infusoires! Tu n'y parviendrais pas, car, si je ne me trompe, certains navigateurs ont flotté sur ces mers de lait pendant plus de quarante milles.»

   -Sí, muchacho, y te recomiendo que no trates de calcular el número de infusorios. Nunca lo conseguirías, pues, si no me equivoco, algunos navegantes han flotado sobre estos mares de leche durante más de cuarenta millas.

   Je ne sais si Conseil tint compte de ma recommandation, mais il parut se plonger dans des réflexions profondes, cherchant sans doute à évaluer combien quarante milles carrés contiennent de cinquièmes de millimètres. Pour moi, je continuai d'observer le phénomène. Pendant plusieurs heures, le Nautilus trancha de son éperon ces flots blanchâtres, et je remarquai qu'il glissait sans bruit sur cette eau savonneuse, comme s'il eût flotté dans ces remous d'écume que les courants et les contre-courants des baies laissaient quelquefois entre eux.

   No sé si Conseil tuvo o no en cuenta mi recomendación, pero la profunda concentración en que se quedó sumido parecía indicar que se hallaba calculando cuántos quintos de milímetro pueden contener cuarenta millas cuadradas, mientras yo continuaba observando el fenómeno.

Durante varias horas, el Nautilus cortó con su espolón aquella agua blancuzca, deslizándose sin ruido por el agua jabonosa, como si estuviera flotando en los remolinos de espuma que forman las corrientes y contracorrientes de las bahías.

   Vers minuit, la mer reprit subitement sa teinte ordinaire, mais derrière nous. jusqu'aux limites de l'horizon. Le ciel. réfléchissant la blancheur des flots. sembla longtemps imprégné des vagues lueurs d'une aurore boréale.

   Hacia media noche, el mar recuperó súbitamente su aspecto ordinario, pero detrás de nosotros, y hasta los límites del horizonte, el cielo, reflejando la blancura del agua, pareció durante largo tiempo acoger los vagos fulgores de una aurora boreal.