Vingt mille lieues sous les mers

Veinte mil leguas de viaje submarino

   XVIII

   Capítulo 18

   QUATRE MILLE LIEUES SOUS LE PACIFIQUE

   Cuatro mil leguas bajo el Pacífico

   Le lendemain matin, 18 novembre, j'étais parfaitement remis de mes fatigues de la veille, et je montai sur la plate-forme, au moment ou le second du Nautilus prononçait sa phrase quotidienne. Il me vint alors à l'esprit qu'elle se rapportait à l'état de la mer, ou plutôt qu'elle signifiait: «Nous n'avons rien en vue.»

   Al amanecer del día siguiente, 18 de noviembre, perfectamente repuesto ya de mi fatiga de la víspera, subí a la plataforma en el momento en que el segundo del Nautilus pronunciaba su enigmática frase cotidiana. Se me ocurrió entonces que esa frase debía referirse al estado del mar o que su significado podía ser el de «Nada a la vista».

   Et en effet, l'Océan était désert. Pas une voile à l'horizon. Les hauteurs de l'île Crespo avaient disparu pendant la nuit. La mer, absorbant les couleurs du prisme, à l'exception des rayons bleus, réfléchissait ceux-ci dans toutes les directions et revêtait une admirable teinte d'indigo. Une moire, à larges raies, se dessinait régulièrement sur les flots onduleux.

   Y en efecto, el océano estaba desierto. Ni una sola vela en el horizonte. Las alturas de la isla Crespo habían desaparecido durante la noche.

El mar absorbía los colores del prisma, con excepción del azul, y los reflejaba en todas direcciones cobrando un admirable tono de añil. Sobre las olas se dibujaban con regularidad anchas rayas de muaré.

   J'admirais ce magnifique aspect de l'Océan, quand le capitaine Nemo apparut. Il ne sembla pas s'apercevoir de ma présence, et commença une série d'observations astronomiques. Puis, son opération terminée, il alla s'accouder sur la cage du fanal, et ses regards se perdirent à la surface de l'Océan.

   Hallábame yo admirando tan magnífico efecto de la luz sobre el océano, cuando apareció el capitán Nemo, quien, sin percatarse de mi presencia, comenzó a efectuar una serie de observaciones astronómicas. Luego, una vez terminada su operación, se apostó en el saliente del fanal para sumirse en la contemplación del océano.

   Cependant, une vingtaine de matelots du Nautilus, tous gens vigoureux et bien constitues, étaient montés sur la plate-forme. Ils venaient retirer les filets qui avaient été mis à la traîne pendant la nuit. Ces marins appartenaient évidemment à des nations différentes, bien que le type européen fût indiqué chez tous. Je reconnus, à ne pas me tromper, des Irlandais, des Français, quelques Slaves, un Grec ou un Candiote. Du reste, ces hommes étaient sobres de paroles, et n'employaient entre eux que ce bizarre idiome dont je ne pouvais pas même soupçonner l'origine. Aussi, je dus renoncer à les interroger.

   Entretanto, una veintena de marineros del Nautilus, todos de una vigorosa y bien constituida complexión, habían subido a la plataforma para retirar las redes dejadas a la lastra durante la noche. Aquellos marineros pertenecían evidentemente a nacionalidades diferentes, aunque el tipo europeo estuviera fuertemente pronunciado en todos ellos. Reconocí, sin temor a equivocarme, irlandeses, franceses, algunos eslavos y un griego o candiota. Pero eran tan sobrios de palabras, y las pocas que usaban eran las de aquel extraño idioma cuyo origen me era hermético, que debí renunciar a interrogarles.

   Les filets furent halés à bord. C'étaient des espèces de chaluts, semblables à ceux des côtes normandes, vastes poches qu'une vergue flottante et une chaîne transfilée dans les mailles inférieures tiennent entr'ouvertes. Ces poches, ainsi traînées sur leurs gantiers de fer, balayaient le fond de l'Océan et ramassaient tous ses produits sur leur passage. Ce jour-là, ils ramenèrent de curieux échantillons de ces parages poissonneux, des lophies, auxquels leurs mouvements comiques ont valu le qualificatif d'histrions, des commerçons noirs, munis de leurs antennes, des balistes ondulés, entourés de bandelettes rouges, des tétrodons-croissants, dont le venin est extrêmement subtil, quelques lamproies olivâtres, des macrorhinques, couverts d'écailles argentées, des trichiures, dont la puissance électrique est égale à celle du gymnote et de la torpille, des notoptères écailleux, à bandes brunes et transversales, des gades verdâtres, plusieurs variétés de gobies, etc., enfin, quelques poissons de proportions plus vastes, un caranx à tête proéminente, long d'un mètre, plusieurs beaux scombres bonites, chamarrés de couleurs bleues et argentées, et trois magnifiques thons que la rapidité de leur marche n'avait pu sauver du chalut.

   Se izaron las redes a bordo. Eran redes de barredera, semejantes a las usadas en las costas normandas, amplias bolsas mantenidas entreabiertas por una verga flotante y una cadena pasada por las mallas inferiores. Esas redes, así arrastradas, barrían el fondo del mar y recogían todos sus productos a su paso. Aquel día subieron curiosas muestras de aquellos fondos abundantes en pesca: pejesapos, a los que sus cómicos movimientos les han valido el calificativo de histriones; los peces negros de Commerson, provistos de sus antenas; balistes ondulados, rodeados de fajas rojas; tetrodones, cuyo veneno es extremadamente sutil; algunas lampreas oliváceas; macrorrincos, cubiertos de escamas plateadas; triquiuros, cuya potencia eléctrica es igual a la del gimnoto y del torpedo; notópteros escamosos, con fajas pardas transversales; gádidos verdosos; diferentes variedades de gobios, y, finalmente, algunos peces de más amplias proporciones; un pámpano de prominente cabeza y de una longitud de casi un metro; varios escómbridos, entre ellos algunos bonitos, ornados de colores azules y plateados, y tres magníficos atunes a los que la rapidez de su marcha no había podido salvar de la red.

   J'estimai que ce coup de filet rapportait plus de mille livres de poissons. C'était une belle pêche, mais non surprenante. En effet, ces filets restent à la traîne pendant plusieurs heures et enserrent dans leur prison de fil tout un monde aquatique. Nous ne devions donc pas manquer de vivres d'une excellente qualité, que la rapidité du Nautilus et l'attraction de sa lumière électrique pouvaient renouveler sans cesse.

   Calculé en más de mil libras lo izado por la red. Era un buen botín, pero no sorprendente, porque ese tipo de redes, mantenidas a la rastra durante varias horas, capturan en su prisión de mallas todo un mundo acuático. No debíamos, pues, carecer de víveres de excelente calidad, y fácilmente renovables por la rapidez del Nautilus y por la atracción de su luz eléctrica.

   Ces divers produits de la mer furent immédiatement affalés par le panneau vers les cambuses, destinés, les uns à être mangés frais, les autres à être conservés.

   Se introdujo inmediatamente el pescado por el escotillón y se llevó a las despensas, unos para su consumo en fresco y otros para su preparación en conserva.

   La pêche finie, la provision d'air renouvelée, je pensais que le Nautilus allait reprendre son excursion sous-marine, et je me préparais à regagner ma chambre, quand, se tournant vers moi, le capitaine Nemo me dit sans autre préambule:

   Terminada la pesca y renovada la provisión de aire, creía yo que el Nautilus iba a proseguir su viaje submarino y me disponía ya a regresar a mi camarote, cuando el capitán Nemo, volviéndose hacia mí, me dijo sin preámbulo alguno:

   «Voyez cet océan, monsieur le professeur, n'est-il pas doué d'une vie réelle? N'a-t-il pas ses colères et ses tendresses? Hier, il s'est endormi comme nous, et le voilà qui se réveille après une nuit paisible!»

   -Mire el océano, señor profesor. ¿No está dotado de una vida real? ¿No tiene sus ataques de cólera y sus accesos de ternura? Ayer se durmió como nosotros y helo aquí que se despierta tras una noche apacible.

   Ni bonjour, ni bonsoir! N'eût-on pas dit que cet étrange personnage continuait avec moi une conversation déjà commencée?

   Así me habló, sin saludo previo de ninguna clase. Se hubiera dicho que el extraño personaje continuaba conmigo una conversación ya iniciada.

   «Regardez, reprit-il, il s'éveille sous les caresses du soleil! Il va revivre de son existence diurne! C'est une intéressante étude que de suivre le jeu de son organisme. Il possède un pouls, des artères, il a ses spasmes, et je donne raison à ce savant Maury, qui a découvert en lui une circulation aussi réelle que la circulation sanguine chez les animaux.»

   -¡Mire cómo se despierta bajo la caricias del sol para revivir su existencia diurna! Interesante estudio el de observar el ritmo de su organismo. Posee pulso, arterias, tiene espasmos, y yo estoy de acuerdo con el sabio Maury, que ha descubierto en él una circulación tan real como la de la sangre en los animales.

   Il est certain que le capitaine Nemo n'attendait de moi aucune réponse, et il me parut inutile de lui prodiguer les «Evidemment», les «A coup sûr», et les «Vous avez raison». Il se parlait plutôt à lui-même, prenant de longs temps entre chaque phrase. C'était une méditation à voix haute.

   Siendo obvio que el capitán Nemo no esperaba de mí ninguna respuesta, me pareció inútil asentir a sus palabras con fórmulas tales como «evidentemente», «así es», «tiene usted razón»… Se hablaba más bien a sí mismo, con largas pausas entre frase y frase. Era una meditación en alta voz.

   «Oui, dit-il, l'Océan possède une circulation véritable, et, pour la provoquer, il a suffi au Créateur de toutes choses de multiplier en lui le calorique, le sel et les animalcules. Le calorique, en effet, crée des densités différentes, qui amènent les courants et les contre-courants. L'évaporation, nulle aux régions hyperboréennes, très active dans les zones équatoriales, constitue un échange permanent des eaux tropicales et des eaux polaires. En outre, j'ai surpris ces courants de haut en bas et de bas en haut, qui forment la vraie respiration de l'Océan. J'ai vu la molécule d'eau de mer, échauffée à la surface, redescendre vers les profondeurs, atteindre son maximum de densité à deux degrés au-dessous de zéro, puis se refroidissant encore, devenir plus légère et remonter. Vous verrez, aux pôles, les conséquences de ce phénomène, et vous comprendrez pourquoi, par cette loi de la prévoyante nature, la congélation ne peut jamais se produire qu'à la surface des eaux!»

   -Sí -prosiguió-, el océano posee una verdadera circulación, y para provocarla ha bastado al Creador de todas las cosas multiplicar en él el calórico, la sal y los animálculos. El calórico crea, en efecto, densidades diferentes que producen las corrientes y contracorrientes. La evaporación, nula en las regiones hiperbóreas, muy activa en las tropicales, provoca un cambio permanente entre las aguas tropicales y polares. Además, yo he sorprendido corrientes de arriba abajo y de abajo arriba que forman la verdadera respiración del océano. Yo he visto la molécula de agua de mar, caliente en la superficie, redescender a las profundidades, alcanzar su máximo de densidad a dos grados bajo cero para, al enfriarse así, hacerse más ligera y volver a subir. Verá usted, en los Polos, las consecuencias de este fenómeno, y comprenderá entonces por qué, en virtud de esta ley de la previsora naturaleza, la congelación no puede producirse nunca más que en la superficie de las aguas.

   Pendant que le capitaine Nemo achevait sa phrase, je me disais: «Le pôle! Est-ce que cet audacieux personnage prétend nous conduire jusque-là!»

   Mientras el capitán Nemo acababa su frase, yo me decía: «¡El Polo! ¿Es que este audaz personaje pretende conducirnos hasta allí?».

   Cependant, le capitaine s'était tu, et regardait cet élément si complètement, si incessamment étudié par lui. Puis reprenant:

   El capitán Nemo guardó nuevamente silencio, en la contemplación de ese elemento tan completa e incesantemente estudiado por él.

   «Les sels, dit-il, sont en quantité considérable dans la mer, monsieur le professeur, et si vous enleviez tous ceux qu'elle contient en dissolution, vous en feriez une masse de quatre millions et demi de lieues cubes, qui, étalée sur le globe, formerait une couche de plus de dix mètres de hauteur. Et ne croyez pas que la présence de ces sels ne soit due qu'à un caprice de la nature. Non. Ils rendent les eaux marines moins évaporables, et empêchent les vents de leur enlever une trop grande quantité de vapeurs, qui, en se résolvant, submergeraient les zones tempérées. Rôle immense, rôle de pondérateur dans l'économie générale du globe!»

   -Las sales -prosiguió luego -se hallan en el mar en considerables cantidades, tantas que si pudiera usted, señor profesor, retirar todas las que contiene en disolución extraería usted una masa de cuatro millones y medio de leguas cúbicas que, extendida sobre el Globo, formaría una capa de más de diez metros de altura. Y no crea que la presencia de esas sales sea debida a un capricho de la naturaleza. No. Esas sales hacen que el agua marina sea menos evaporable, impiden a los vientos arrebatarle una excesiva cantidad de vapores, que, al condensarse y luego licuarse, sumergirían las zonas templadas. ¡Inmenso papel de equilibrio el suyo en la economía del Globo!

   Le capitaine Nemo s'arrêta, se leva même, fit quelques pas sur la plate-forme, et revint vers moi:

   El capitán Nemo se detuvo, se incorporó, dio algunos pasos sobre la plataforma y regresó hacia mí.

   «Quant aux infusoires, reprit-il, quant à ces milliards d'animalcules, qui existent par millions dans une gouttelette, et dont il faut huit cent mille pour peser un milligramme, leur rôle n'est pas moins important. Ils absorbent les sels marins, ils s'assimilent les éléments solides de l'eau, et, véritables faiseurs de continents calcaires, ils fabriquent des coraux et des madrépores! Et alors la goutte d'eau, privée de son aliment minéral, s'allège, remonte à la surface, y absorbe les sels abandonnés par l'évaporation, s'alourdit, redescend, et rapporte aux animalcules de nouveaux éléments à absorber. De là, un double courant ascendant et descendant, et toujours le mouvement, toujours la vie! La vie, plus intense que sur les continents, plus exubérante, plus infinie, s'épanouissant dans toutes les parties de cet océan, élément de mort pour l'homme, a-t-on dit, élément de vie pour des myriades d'animaux et pour moi!»

   -En cuanto a los infusorios -continuó diciendo-, en cuanto a esos miles de millones de animálculos, de los que sólo una gota de agua contiene millones y de los que hacen falta unos ochocientos mil para dar un peso de un miligramo, su papel no es menos importante. Absorben las sales marinas, asimilan los elementos sólidos del agua y, verdaderos creadores de continentes calcáreos, fabrican corales y madréporas. Y entonces, la gota de agua, privada de su elemento mineral, se aligera, asciende a la superficie donde absorbe las sales abandonadas por la evaporación, se hace más pesada, redesciende y lleva a los animálculos nuevos elementos para absorber. De ahí, una doble corriente ascendente y descendente, en un movimiento continuo, en el movimiento de la vida. La vida, más intensa que en los continentes, más exuberante, más infinita, triunfante en todas las partes del océano, elemento mortífero para el hombre, se ha dicho, pero elemento vital para miríadas de animales y para mí.

   Quand le capitaine Nemo parlait ainsi, il se transfigurait et provoquait en moi une extraordinaire émotion.

   Al hablar así, el capitán Nemo se transfiguraba y provocaba en mí una extraordinaria emoción.

   «Aussi, ajouta-t-il, là est la vraie existence! Et je concevrais la fondation de villes nautiques, d'agglomérations de maisons sous-marines, qui, comme le Nautilus reviendraient respirer chaque matin à la surface des mers, villes libres, s'il en fut, cités indépendantes! Et encore, qui sait si quelque despote...»

   -Así, pues, aquí está la verdadera existencia. Yo podría concebir la fundación de ciudades náuticas, de aglomeraciones de casas submarinas que, como el Nautílus, ascenderían cada mañana a respirar a la superficie del mar, ciudades libres como no existe ninguna, ciudades independientes. Pero quién sabe si algún déspota…

   Le capitaine Nemo acheva sa phrase par un geste violent. Puis, s'adressant directement à moi, comme pour chasser une pensée funeste:

   El capitán Nemo interrumpió su frase con un gesto violento. Luego, como para expulsar un pensamiento funesto, se dirigió a mí diciéndome:

   «Monsieur Aronnax, me demanda-t-il, savez-vous quelle est la profondeur de l'Océan?

   -Señor Aronnax, ¿sabe usted cuál es la profundidad del océano?

   — Je sais, du moins, capitaine, ce que les principaux sondages nous ont appris.

   -Sé al menos, capitán, lo que nos han revelado los principales sondeos hechos hasta la fecha.

   — Pourriez-vous me les citer, afin que je les contrôle au besoin?

   -¿Podría usted citarlos, para que yo pueda controlarlos?

   — En voici quelques-uns, répondis-je, qui me reviennent à la mémoire. Si je ne me trompe, on a trouvé une profondeur moyenne de huit mille deux cents mètres dans l'Atlantique nord, et de deux mille cinq cents mètres dans la Méditerranée. Les plus remarquables sondes ont été faites dans l'Atlantique sud, près du trente-cinquième degré, et elles ont donné douze mille mètres, quatorze mille quatre-vingt-onze mètres, et quinze mille cent quarante-neuf mètres. En somme, on estime que si le fond de la mer était nivelé, sa profondeur moyenne serait de sept kilomètres environ.

   -He aquí algunos -respondí-, o por lo menos los que me vienen ahora a la memoria. Si no me equivoco, se ha hallado una profundidad media de ocho mil doscientos metros en el Atlántico Norte y de dos mil quinientos metros en el Mediterráneo. Los sondeos más notables efectuados en el Atlántico Sur, cerca de los treinta y cinco grados, han dado doce mil metros, catorce mil noventa y un metros y quince mil ciento cuarenta y nueve metros. En resumen, se estima que si el fondo del mar estuviera nivelado su profundidad media sería de unos siete kilómetros.

   — Bien, monsieur le professeur, répondit le capitaine Nemo, nous vous montrerons mieux que cela, je l'espère. Quant à la profondeur moyenne de cette partie du Pacifique, je vous apprendrai qu'elle est seulement de quatre mille mètres.»

   -Bien, señor profesor -respondió el capitán Nemo-, espero mostrarle algo mejor. En cuanto a la profundidad media de esta parte del Pacífico, puedo informarle de que es solamente de cuatro mil metros.

   Ceci dit, le capitaine Nemo se dirigea vers le panneau et disparut par l'échelle. Je le suivis, et je regagnai le grand salon. L'hélice se mit aussitôt en mouvement, et le loch accusa une vitesse de vingt milles à l'heure.

   Dicho esto, el capitán Nemo se dirigió hacia la escotilla y desapareció por la escalera. Le seguí y me dirigí al gran salón.

En seguida, la hélice se puso en movimiento y la corredera acusó una velocidad de veinte millas por hora.

   Pendant les jours, pendant les semaines qui s'écoulèrent, le capitaine Nemo fut très sobre de visites. Je ne le vis qu'à de rares intervalles. Son second faisait régulièrement le point que je trouvais reporté sur la carte, de telle sorte que je pouvais relever exactement la route du Nautilus.

   Durante los días y las semanas siguientes, vi al capitán Nemo muy pocas veces. Su segundo echaba regularmente el punto, que se consignaba en la carta, de tal suerte que yo podía seguir exactamente la ruta del Nautílus.

   Conseil et Land passaient de longues heures avec moi. Conseil avait raconté à son ami les merveilles de notre promenade, et le Canadien regrettait de ne nous avoir point accompagnés. Mais j'espérais que l'occasion se représenterait de visiter les forêts océaniennes.

   Conseil y Land pasaban mucho tiempo conmigo. Conseil había relatado a su amigo las maravillas de nuestro paseo, y el canadiense lamentaba no habernos acompañado. Pero yo esperaba que se presentaría nuevamente una ocasión para visitar los bosques oceánicos.

   Presque chaque jour, pendant quelques heures, les panneaux du salon s'ouvraient, et nos yeux ne se fatiguaient pas de pénétrer les mystères du monde sous-marin.

   Durante algunas horas y casi todos los días se descubrían los observatorios del salón y nuestras miradas no se cansaban de penetrar en los misterios del mundo submarino.

   La direction générale du Nautilus était sud-est, et il se maintenait entre cent mètres et cent cinquante mètres de profondeur. Un jour, cependant, par je ne sais quel caprice, entraîné diagonalement au moyen de ses plans inclinés, il atteignit les couches d'eau situées par deux mille mètres. Le thermomètre indiquait une température de 4,25 centigrades, température qui, sous cette profondeur, paraît être commune à toutes les latitudes.

   El rumbo general del Nautílus era Sudeste y se mantenía entre cien y ciento cincuenta metros de profundidad. Un día, sin embargo, por no sé qué capricho, navegando diagonalmente por medio de sus planos inclinados, alcanzó las capas de agua situadas a dos mil metros. El termómetro indicaba una temperatura de cuatro grados centígrados, temperatura que a esa profundidad parece ser común a todas las latitudes.

   Le 26 novembre, à trois heures du matin le Nautilus franchit le tropique du Cancer par 172° de longitude. Le 27, il passa en vue des Sandwich, où l'illustre Cook trouva la mort, le 14 février 1779. Nous avions alors fait quatre mille huit cent soixante lieues depuis notre point de départ. Le matin, lorsque j'arrivai sur la plate-forme, j'aperçus, à deux milles sous le vent, Haouaï, la plus considérable des sept îles qui forment cet archipel. Je distinguai nettement sa lisière cultivée, les diverses chaînes de montagnes qui courent parallèlement à la côte, et ses volcans que domine le Mouna-Rea, élevé de cinq mille mètres au-dessus du niveau de la mer. Entre autres échantillons de ces parages, les filets rapportèrent des flabellaires pavonées, polypes comprimés de forme gracieuse, et qui sont particuliers à cette partie de l'Océan.

   El 26 de noviembre, a las tres de la mañana, el Nautilus franqueó el trópico de Cáncer a 172º de longitud. El 27 pasó ante las costas de las islas Sandwich, donde el ilustre Cook halló la muerte el 14 de febrero de 1779. Habíamos recorrido ya cuatro mil ochocientas sesenta leguas desde nuestro punto de partida. Al ascender aquella mañana a la plataforma, pude ver, a unas dos millas a sotavento, Hawaii, la mayor de las siete islas que forman el archipiélago de este nombre. Distinguí con claridad los linderos de sus cultivos, las diversas cadenas montañosas que corren paralelas a la costa y sus volcanes dominados por el Mauna Kea, que se eleva a cinco mil metros sobre el nivel del mar.

   La direction du Nautilus se maintint au sud-est. Il coupa l'Équateur, le 1er décembre, par 142° de longitude, et le 4 du même mois, après une rapide traversée que ne signala aucun incident, nous eûmes connaissance du groupe des Marquises. J'aperçus à trois milles, par 8°57' de latitude sud et 139°32' de longitude ouest, la pointe Martin de Nouka-Hiva, la principale de ce groupe qui appartient à la France. Je vis seulement les montagnes boisées qui se dessinaient à l'horizon, car le capitaine Nemo n'aimait pas à rallier les terres. Là, les filets rapportèrent de beaux spécimens de poissons, des choryphènes aux nageoires azurées et à la queue d'or, dont la chair est sans rivale au monde, des hologymnoses à peu près dépourvus d'écailles, mais d'un goût exquis, des ostorhinques à mâchoire osseuse, des thasards jaunâtres qui valaient la bonite, tous poissons dignes d'être classés à l'office du bord.

   Entre otras muestras recogidas por las redes en aquellos parajes destacaban unas flabelarias pavonias, pólipos comprimidos de graciosas formas, que son peculiares de esta parte del océano. El Nautilus se mantuvo rumbo al Sudeste. Cortó el ecuador el 1 de diciembre a 142º de longitud, y el 4 del mismo mes, tras una rápida travesía efectuada sin incidente alguno, avistamos el archipiélago de las Marquesas. A 8º 57' de latitud Sur y 139º 32' de longitud Oeste, vi a unas tres millas el cabo Martín, de Nouka Hiva, la principal isla de este archipiélago, que pertenece a Francia. Tan sólo me fue dado ver las montañas boscosas que se dibujaban en el horizonte, pues el capitán Nemo evitaba acercarse a tierra. Allí las redes recogieron hermosos especímenes de peces, como unas coríferas con las aletas azuladas y la cola de oro, cuya carne no tiene rival; hologimnosos casi desprovistos de escamas y también de un sabor exquisito; ostorrincos de mandíbula ósea; todos ellos dignos de la mesa del Nautilus.

   Après avoir quitté ces îles charmantes protégées par le pavillon français, du 4 au 11 décembre, le Nautilus parcourut environ deux mille milles. Cette navigation fut marquée par la rencontre d'une immense troupe de calmars, curieux mollusques, très voisins de la seiche. Les pêcheurs français les désignent sous le nom d'encornets, et ils appartiennent à la classe des céphalopodes et à la famille des dibranchiaux, qui comprend avec eux les seiches et les argonautes. Ces animaux furent particulièrement étudiés par les naturalistes de l'antiquité, et ils fournissaient de nombreuses métaphores aux orateurs de l'Agora, en même temps qu'un plat excellent à la table des riches citoyens, s'il faut en croire Athénée, médecin grec, qui vivait avant Gallien.

   Tras haber dejado aquellas encantadoras islas bajo pabellón francés, el Nautilus recorrió unas dos mil millas, del 4 al 11 de diciembre, sin más hecho mencionable que el encuentro de una inmensa cantidad de calamares, curiosos moluscos muy semejantes a la jibia. Los pescadores franceses los designan con el nombre de encornets. Los calamares pertenecen a la clase de los cefalópodos y a la familia de los dibranquios que incluye con ellos a las jibias y a los argonautas. Estos animales fueron particularmente estudiados por los naturalistas de la Antigüedad, y, de creer a Ateneo, médico griego que vivió antes que Galeno, proveyeron de numerosas metáforas a los oradores del Ágora, a la vez que de un plato excelente a la mesa de los ricos ciudadanos.

   Ce fut pendant la nuit du 9 au 10 décembre, que le Nautilus rencontra cette armée de mollusques qui sont particulièrement nocturnes. On pouvait les compter par millions. Ils émigraient des zones tempérées vers les zones plus chaudes, en suivant l'itinéraire des harengs et des sardines. Nous les regardions à travers les épaisses vitres de cristal, nageant à reculons avec une extrême rapidité, se mouvant au moyen de leur tube locomoteur, poursuivant les poissons et les mollusques, mangeant les petits, mangés des gros, et agitant dans une confusion indescriptible les dix pieds que la nature leur a implantés sur la tête, comme une chevelure de serpents pneumatiques. Le Nautilus, malgré sa vitesse, navigua pendant plusieurs heures au milieu de cette troupe d'animaux. et ses filets en ramenèrent une innombrable quantité, où je reconnus les neuf espèces que d'Orbigny a classées pour l'océan Pacifique.

   Fue durante la noche del 9 al 10 de diciembre cuando el Nautilus halló aquel ejército de moluscos, que son particularmente nocturnos. Podían contarse por millones. Iban en emigración de las zonas templadas hacia las menos cálidas, siguiendo el itinerario de los arenques y de las sardinas. A través de los gruesos cristales los veíamos nadar hacia atrás con gran rapidez, moviéndose por medio de su tubo locomotor, persiguiendo a peces y moluscos, devorando a los pequeños y siendo devorados por los grandes, y agitando en una indescriptible confusión los diez pies que la naturaleza les ha implantado sobre la cabeza, como una cabellera de serpientes neumáticas. A pesar de su velocidad, el Nautilus navegó durante varias horas en medio de ese banco animal y sus redes izaron a bordo una enorme cantidad de ejemplares entre los que reconocí las nueve especies del Pacífico clasificadas por D'Orbigny.

   On le voit, pendant cette traversée, la mer prodiguait incessamment ses plus merveilleux spectacles. Elle les variait à l'infini. Elle changeait son décor et sa mise en scène pour le plaisir de nos yeux, et nous étions appelés non seulement à contempler les oeuvres du Créateur au milieu de l'élément liquide, mais encore à pénétrer les plus redoutables mystères de l'Océan.

   Así, durante la travesía el mar nos prodigaba incesantemente sus más maravillosos espectáculos, variándolos al infinito y cambiando su decoración y su escenificación para el placer de nuestros ojos. Llamados estábamos no sólo a contemplar en medio del elemento líquido las obras del Creador, sino también a penetrar los más temibles misterios del océano.

   Pendant la journée du 11 décembre, j'étais occupé à lire dans le grand salon. Ned Land et Conseil observaient les eaux lumineuses par les panneaux entr'ouverts. Le Nautilus était immobile. Ses réservoirs remplis, il se tenait à une profondeur de mille mètres, région peut habitée des Océans, dans laquelle les gros poissons faisaient seuls de rares apparitions.

   Durante la jornada del 11 de diciembre, me hallaba yo leyendo en el gran salón, mientras Ned Land y Conseil observaban las aguas luminosas a través del cristal. El Nautilus estaba inmóvil. Llenos sus depósitos, se mantenía a una profundidad de mil metros, región poco habitada, en la que tan sólo los grandes peces hacían raras apariciones.

   Je lisais en ce moment un livre charmant de Jean Macé, les Serviteurs de l'estomac, et j'en savourais les leçons ingénieuses, lorsque Conseil interrompit ma lecture.

   Estaba yo leyendo un libro delicioso de Jean Macé, Los servidores del estómago, y saboreando sus ingeniosas lecciones, cuando Conseil interrumpió mi lectura:

   «Monsieur veut-il venir un instant? me dit-il d'une voix singulière.

   -¿Quiere venir un instante el señor?

   — Qu'y a-t-il donc, Conseil?

   -¿Qué pasa, Conseil?

   — Que monsieur regarde.»

   -Mire el señor.

   Je me levai, j'allai m'accouder devant la vitre, et je regardai.

   Me levanté y me acerqué al cristal.

   En pleine lumière électrique, une énorme masse noirâtre, immobile, se tenait suspendue au milieu des eaux. Je l'observai attentivement, cherchant à reconnaître la nature de ce gigantesque cétacé. Mais une pensée traversa subitement mon esprit.

   Iluminada por la luz eléctrica, una enorme masa negruzca, inmóvil, se mantenía suspendida en medio de las aguas. La observé atentamente, tratando de reconocer la naturaleza del gigantesco cetáceo. Pero otra idea me asaltó súbitamente.

   «Un navire! m'écriai-je.

   -¡Un navío! -exclamé.

   — Oui, répondit le Canadien, un bâtiment désemparé qui a coule a pic!»

   -Sí -respondió el canadiense -un barco que se fue a pique.

   Ned Land ne se trompait pas. Nous étions en présence d'un navire, dont les haubans coupés pendaient encore a leurs cadènes. Sa coque paraissait être en bon état, et son naufrage datait au plus de quelques heures. Trois tronçons de mâts, rasés à deux pieds au-dessus du pont, indiquaient que ce navire engagé avait dû sacrifier sa mâture. Mais, couché sur le flanc, il s'était rempli, et il donnait encore la bande à bâbord. Triste spectacle que celui de cette carcasse perdue sous les flots, mais plus triste encore la vue de son pont où quelques cadavres, amarrés par des cordes, gisaient encore! J'en comptai quatre - quatre hommes, dont l'un se tenait debout, au gouvernail - puis une femme, à demi-sortie par la claire-voie de la dunette, et tenant un enfant dans ses bras. Cette femme était jeune. Je pus reconnaître, vivement éclairés par les feux du Nautilus, ses traits que l'eau n'avait pas encore décomposés. Dans un suprême effort, elle avait élevé au-dessus de sa tête son enfant, pauvre petit être dont les bras enlaçaient le cou de sa mère! L'attitude des quatre marins me parut effrayante, tordus qu'ils étaient dans des mouvements convulsifs, et faisant un dernier effort pour s'arracher des cordes qui les liaient au navire. Seul, plus calme, la face nette et grave, ses cheveux grisonnants collés à son front, la main crispée à la roue du gouvernail, le timonier semblait encore conduire son trois-mâts naufragé à travers les profondeurs de l'Océan!

   No se equivocaba Ned Land. Estábamos ante un barco cuyos obenques cortados pendían aún de sus cadenas. Su casco parecía estar en buen estado, y su naufragio debía datar de unas pocas horas. Tres trozos de mástiles, cortados a dos pies por encima del puente, indicaban que el barco había debido sacrificar su arboladura. Pero vencido de costado, había hecho agua y aún daba la banda por babor. Si triste era el espectáculo de ese casco perdido bajo el agua, más lo era aún el de su puente, en el que yacían algunos cadáveres, amarrados con cuerdas. Conté cuatro -cuatro hombres, uno de los cuales se mantenía en pie, al timón -y luego una mujer, medio asomada a la toldilla con un niño en sus brazos. Era una mujer joven, y a la luz del foco del Nautilus pude ver sus rasgos aún no descompuestos por el agua. En un supremo esfuerzo había elevado por encima de su cabeza a su hijo, pobre ser cuyos brazos trataban de aferrarse al cuello de la madre. Espantosa era la actitud de los cuatro marineros, retorcidos en sus movimientos convulsivos que denunciaban un último esfuerzo por arrancarse a las cuerdas que les ligaban al barco. Sólo, más sereno, con el semblante grave, sus grises cabellos pegados a la frente, y la mano crispada sobre la rueda del timón, el timonel parecía conducir aún su barco naufragado a través de las profundidades del océano.

   Quelle scène! Nous étions muets, le coeur palpitant, devant ce naufrage pris sur le fait, et, pour ainsi dire, photographié à sa dernière minute! Et je voyais déjà s'avancer, l'oeil en feu, d'énormes squales, attirés par cet appât de chair humaine!

   ¡Qué escena! Estábamos en silencio, con el corazón palpitante, ante aquel naufragio sorprendido ínfraganti y, por así decir, fotografiado en su último minuto. Y veía ya avanzar a enormes tiburones que con los ojos encendidos acudían atraídos por el cebo de la carne humana.

   Cependant le Nautilus, évoluant, tourna autour du navire submergé, et, un instant, je pus lire sur son tableau d'arrière:

   El Nautilus dio una vuelta en torno al navío sumergido, y al pasar ante la popa del mismo pude leer su nombre:

   Florida, Sunderland.

   Florída, Sunderland.