Vingt mille lieues sous les mers

Veinte mil leguas de viaje submarino

   VII

   Capítulo 7

   UNE BALEINE D'ESPÈCE INCONNUE

   Una ballena de especie desconocida

   Bien que j'eusse été surpris par cette chute inattendue, je n'en conservai pas moins une impression très nette de mes sensations.

   La sorpresa causada por tan inesperada caída no me privó de la muy clara impresión de mis sensaciones.

   Je fus d'abord entraîné à une profondeur de vingt pieds environ. Je suis bon nageur, sans prétendre égaler Byron et Edgar Poe, qui sont des maîtres, et ce plongeon ne me fit point perdre la tête. Deux vigoureux coups de talons me ramenèrent à la surface de la mer.

   La caída me sumergió a una profundidad de unos veinte pies. Sin pretender igualarme a Byron y a Edgar Poe, que son maestros de natación, creo poder decir que soy buen nadador. Por ello la zambullida no me hizo perder la cabeza, y dos vigorosos taconazos me devolvieron a la superficie del mar.

   Mon premier soin fut de chercher des yeux la frégate. L'équipage s'était-il aperçu de ma disparition? L'Abraham-Lincoln avait-il viré de bord? Le commandant Farragut mettait-il une embarcation à la mer? Devais-je espérer d'être sauvé?

   Mi primer cuidado fue buscar con los ojos la fragata. ¿Se habría dado cuenta la tripulación de mi desaparición? ¿Habría virado de bordo el Abraham Lincoln? ¿Habría botado el comandante Farragut una embarcación en mi búsqueda? ¿Podía esperar mi salvación?

   Les ténèbres étaient profondes. J'entrevis une masse noire qui disparaissait vers l'est, et dont les feux de position s'éteignirent dans l'éloignement. C'était la frégate. Je me sentis perdu.

   Profundas eran las tinieblas. Entreví una masa negra que desaparecía hacia el Este y cuyas luces de posición iban desapareciendo en la lejanía. Era la fragata. Me sentí perdido.

   «A moi! à moi!» criai-je. en nageant vers l'Abraham-Lincoln d'un bras désespéré.

   -¡Socorro! ¡Socorro! -grité, mientras nadaba desesperadamente hacia el Abraham Lincoln, embarazado por mis ropas que, pegadas a mi cuerpo por el agua, paralizaban mis movimientos. Me iba abajo… Me ahogaba.

   Mes vêtements m'embarrassaient. L'eau les collait à mon corps, ils paralysaient mes mouvements. Je coulais! je suffoquais!...

   «A moi!»

   -¡Socorro!

   Ce fut le dernier cri que je jetai. Ma bouche s'emplit d'eau. Je me débattis, entraîné dans l'abîme...

   Fue el último grito que exhalé. Mi boca se llenó de agua. Me debatía, succionado por el abismo.

   Soudain, mes habits furent saisis par une main vigoureuse, je me sentis violemment ramené à la surface de lamer, et j'entendis, oui, j'entendis ces paroles prononcées à mon oreille:

   De pronto me sentí asido por una mano vigorosa que me devolvió violentamente a la superficie, y oí, sí, oí estas palabras pronunciadas a mi oído:

   «Si monsieur veut avoir l'extrême obligeance de s'appuyer sur mon épaule, monsieur nagera beaucoup plus à son aise.»

   -Si el señor fuera tan amable de apoyarse en mi hombro, nadaría con más facilidad.

   Je saisis d'une main le bras de mon fidèle Conseil.

   Mi mano se asió del brazo de mi fiel Conseil.

   «Toi! dis-je, toi!

   -¡Tú! ¡Eres tú!

   — Moi-même, répondit Conseil, et aux ordres de monsieur.

   -Yo mismo -respondió-, a las órdenes del señor.

   — Et ce choc t'a précipité en même temps que moi à la mer?

   -¿Te precipitó el choque al mar al mismo tiempo que a mí?

   — Nullement. Mais étant au service de monsieur, j'ai suivi monsieur!»

   -No. Pero como estoy al servicio del señor, seguí al señor.

   Le digne garçon trouvait cela tout naturel!

   El buen muchacho encontraba eso natural.

   «Et la frégate? demandai-je.

   -¿Y la fragata?

   — La frégate! répondit Conseil en se retournant sur le dos, je crois que monsieur fera bien de ne pas trop compter sur elle!

   -¡La fragata! -respondió Conseil, volviéndose de espaldas-. Creo que el señor hará bien en no contar con ella.

   — Tu dis?

   -¿Cómo dices?

   — Je dis qu'au moment où je me précipitai à la mer, j'entendis les hommes de barre s'écrier: «L'hélice et le gouvernail sont brisés...»

   Digo que en el momento en que me arrojé al mar, oí que los timoneles gritaban: «¡Se han roto la hélice y el timón!».

   — Brisés?

   -¿Rotos?

   — Oui! brisés par la dent du monstre. C'est la seule avarie, je pense, que l'Abraham-Lincoln ait éprouvée. Mais, circonstance fâcheuse pour nous, il ne gouverne plus.

   -Sí; destrozados por el diente del monstruo. Es la única avería, creo yo, que ha sufrido el Abraham Lincoln. Pero desgraciadamente para nosotros es una avería que le impide gobernarse.

   — Alors, nous sommes perdus!

   -Entonces estamos perdidos.

   — Peut-être, répondit tranquillement Conseil. Cependant, nous avons encore quelques heures devant nous, et en quelques heures, on fait bien des choses!»

   -Posiblemente respondió Conseil, con la mayor tranquilidad . Pero aún tenemos unas cuantas horas por delante, y en unas horas pueden pasar muchas cosas.

   L'imperturbable sang-froid de Conseil me remonta. Je nageai plus vigoureusement; mais, gêné par mes vêtements qui me serraient comme un chape de plomb, j'éprouvais une extrême difficulté à me soutenir. Conseil s'en aperçut.

   La imperturbable sangre fría de Conseil me dio ánimos. Nadé con más vigor, pero, incomodado por mis ropas que me oprimían como los cellos de un barril, tenía grandes dificultades para sostenerme a flote. Conseil se dio cuenta.

   «Que monsieur me permette de lui faire une incision», dit-il.

   -Permítame el señor hacerle una incisión.

   Et glissant un couteau ouvert sous mes habits, il les fendit de haut en bas d'un coup rapide. Puis, il m'en débarrassa lestement, tandis que je nageais pour tous deux.

   Y con una navaja desgarró mis ropas de arriba abajo en un rápido movimiento. Luego me liberó de mis ropas con gran habilidad, mientras yo nadaba por los dos.

   A mon tour, je rendis le même service à Conseil, et nous continuâmes de «naviguer» l'un près de l'autre.

   A mi vez procedí a prestar idéntico servicio a Conseil, y continuamos «navegando» uno junto al otro.

   Cependant, la situation n'en était pas moins terrible. Peut-être notre disparition n'avait-elle pas été remarquée, et l'eût-elle été, la frégate ne pouvait revenir sous le vent à nous, étant démontée de son gouvernail. Il ne fallait donc compter que sur ses embarcations.

   Nuestra situación era terrible. Tal vez no se hubiera dado cuenta nadie de nuestra desaparición, y aunque no hubiera pasado inadvertida, la fragata, privada de gobierno, no podría venir en busca nuestra. únicamente podíamos contar con sus botes.

   Conseil raisonna froidement dans cette hypothèse et fit son plan en conséquence. Étonnante nature! Ce phlegmatique garçon était là comme chez lui!

   Partiendo de esta hipótesis, Conseil razonó fríamente e hizo un plan consecuente. ¡Qué extraordinaria naturaleza la de este flemático muchacho, que se sentía allí como en su casa!

   Il fut donc décidé que notre seule chance de salut étant d'être recueillis par les embarcations de l'Abraham-Lincoln, nous devions nous organiser de manière a les attendre le plus longtemps possible. Je résolus alors de diviser nos forces afin de ne pas les épuiser simultanément, et voici ce qui fut convenu: pendant que l'un de nous, étendu sur le dos, se tiendrait, immobile, les bras croisés, les jambes allongées, l'autre nagerait et le pousserait en avant. Ce rôle de remorqueur ne devait pas durer plus de dix minutes, et nous relayant ainsi, nous pouvions surnager pendant quelques heures, et peut-être jusqu'au lever du jour.

   Dado que nuestra única posibilidad de salvación era la de ser recogidos por los botes del Abraham Lincoln, se decidió que debíamos organizarnos de suerte que pudiéramos esperarlos el mayor tiempo posible. Yo resolví entonces que dividiéramos nuestras fuerzas a fin de no agotarlas simultáneamente, y así convinimos que uno de nosotros se mantendría inmóvil, tendido de espaldas, con los brazos cruzados y las piernas extendidas, mientras el otro nadaría impulsándolo hacia adelante. Esta tarea de remolcador no debía prolongarse más de diez minutos, y relevándonos así podríamos nadar durante varias horas y mantenernos incluso hasta el alba.

   Faible chance! mais l'espoir est si fortement enraciné au coeur de l'homme! Puis, nous étions deux. Enfin je l'affirme bien que cela paraisse improbable - , si je cherchais à détruire en moi toute illusion, si je voulais «désespérer», je ne le pouvais pas!

   Débil posibilidad, pero ¡la esperanza está tan fuertemente enraizada en el corazón del hombre! Además, éramos dos. Y, por último, puedo afirmar, por improbable que esto parezca, que aunque tratara de destruir en mí toda ilusión, aunque me esforzara por desesperar, no podía conseguirlo.

   La collision de la frégate et du cétacé s'était produite vers onze heures du soir environ. Je comptais donc sur huit heures de nage jusqu'au lever du soleil. Opération rigoureusement praticable, en nous relayant. La mer assez belle, nous fatiguait peu. Parfois, je cherchais à percer du regard ces épaisses ténèbres que rompait seule la phosphorescence provoquée par nos mouvements. Je regardais ces ondes lumineuses qui se brisaient sur ma main et dont la nappe miroitante se tachait de plaques livides. On eût dit que nous étions plongés dans un bain de mercure.

   La colisión de la fragata y del cetáceo se había producido hacia las once de la noche. Calculé, pues, que debíamos nadar durante unas ocho horas hasta la salida del sol. Operación rigurosamente practicable con nuestro sistema de relevos. El mar, bastante bonancible, nos fatigaba poco. A veces trataba yo de penetrar con la mirada las espesas tinieblas que tan sólo rompía la fosforescencia provocada por nuestros movimientos. Miraba esas ondas luminosas que se deshacían en mis manos y cuya capa espejeante formaba como una película de tonalidades lívidas. Se hubiera dicho que estábamos sumergidos en un baño de mercurio.

   Vers une heure du matin, je fus pris d'une extrême fatigue. Mes membres se raidirent sous l'étreinte de crampes violentes. Conseil dut me soutenir, et le soin de notre conservation reposa sur lui seul. J'entendis bientôt haleter le pauvre garçon; sa respiration devint courte et pressée. Je compris qu'il ne pouvait résister longtemps.

   Hacia la una de la mañana me sentía ya totalmente extenuado, con los miembros rígidos por el efecto de unos violentos calambres. Conseil tuvo que sostenerme, y a partir de ese momento nuestra conservación pesó exclusivamente sobre él. Pronto oí jadear al pobre muchacho. Su respiración se tornó corta y rápida, y eso me hizo comprender que no podría resistir ya mucho más tiempo.

   «Laisse-moi! laisse-moi! lui dis-je.

   -¡Déjame! ¡Déjame! -le dije.

   — Abandonner monsieur! jamais! répondit-il. Je compte bien me noyer avant lui!»

   -¡Abandonar al señor! ¡Nunca! Antes me ahogaré yo. Me ahogaré antes que él.

   En ce moment, la lune apparut à travers les franges d'un gros nuage que le vent entraînait dans l'est. La surface de la mer étincela sous ses rayons. Cette bienfaisante lumière ranima nos forces. Ma tête se redressa. Mes regards se portèrent à tous les points de l'horizon. J'aperçus la frégate. Elle était à cinq mille de nous, et ne formait plus qu'une masse sombre, à peine appréciable! Mais d'embarcations, point!

   La luna apareció en aquel momento, entre los bordes de una espesa nube que el viento impelía hacia el Este. La superficie del mar rieló bajo sus rayos. La bienhechora luz reanimó nuestras fuerzas. Pude levantar la cabeza y escrutar el horizonte. Vi la fragata, a unas cinco millas de nosotros, como una masa oscura, apenas reconocible. Pero no había ni un bote a la vista.

   Je voulus crier. A quoi bon, à pareille distance! Mes lèvres gonflées ne laissèrent passer aucun son. Conseil put articuler quelques mots, et je l'entendis répéter à plusieurs reprises:

   Quise gritar. ¡Para qué, a tal distancia! Mis labios hinchados no dejaron pasar ningún sonido. Conseil pudo articular algunas palabras, y gritar repetidas veces:

   «A nous! à nous!»

   -¡Socorro! ¡Socorro!

   Nos mouvements un instant suspendus, nous écoutâmes. Et, fût-ce un de ces bourdonnements dont le sang oppressé emplit l'oreille, mais il me sembla qu'un cri répondait au cri de Conseil.

   Suspendidos por un instante nuestros movimientos, escuchamos. Y quizá fuera uno de esos zumbidos que en el oído produce la sangre congestionada, pero me pareció que un grito había respondido al de Conseil.

   «As-tu entendu? murmurai-je.

   -¿Has oído? -murmuré.

   — Oui! oui!»

   -¡Sí! ¡Sí!

   Et Conseil jeta dans l'espace un nouvel appel désespéré.

   Y Conseil lanzó al espacio otra llamada desesperada.

   Cette fois, pas d'erreur possible! Une voix humaine répondait à la nôtre! Était-ce la voix de quelque infortuné, abandonné au milieu de l'Océan, quelque autre victime du choc éprouvé par le navire? Ou plutôt une embarcation de la frégate ne nous hélait-elle pas dans l'ombre?

   Ya no había error posible. ¡Una voz humana estaba respondiendo a la nuestra! ¿Era la voz de algún infortunado abandonado en medio del océano, la de otra víctima del choque sufrido por el navío? ¿O provenía esa voz de un bote de la fragata, llamándonos en la oscuridad?

   Conseil fit un suprême effort, et, s'appuyant sur mon épaule, tandis que je résistais dans une dernière convulsion, il se dressa à demi hors de l'eau et retomba épuisé.

   Conseil hizo un supremo esfuerzo y, apoyándose en mi hombro, mientras yo extraía fuerzas de una última convulsión, irguió medio cuerpo fuera del agua sobre la que cayó en seguida, agotado.

   «Qu'as-tu vu?

   -¿Has visto algo?

   — J'ai vu... murmura-t-il, j'ai vu... mais ne parlons pas... gardons toutes nos forces!...»

   -He visto… -murmuró-, he visto… pero no hablemos… , conservemos todas nuestras fuerzas…

   Qu'avait-il vu? Alors, je ne sais pourquoi, la pensée du monstre me vint pour la première fois à l'esprit!... Mais cette voix cependant?... Les temps ne sont plus où les Jonas se réfugient dans le ventre des baleines!

   ¿Qué podía haber visto? Entonces, no sé cómo ni por qué, me asaltó por vez primera el recuerdo del monstruo. Pero ¿y esa voz… ? En estos tiempos los Jonás no se refugian ya en el vientre de las ballenas.

   Pourtant, Conseil me remorquait encore. Il relevait parfois la tête, regardait devant lui, et jetait un cri de reconnaissance auquel répondait une voix de plus en plus rapprochée. Je l'entendais à peine. Mes forces étaient à bout; mes doigts s'écartaient; ma main ne me fournissait plus un point d'appui; ma bouche, convulsivement ouverte, s'emplissait d'eau salée; le froid m'envahissait. Je relevai la tête une dernière fois, puis, je m'abîmai...

   Conseil comenzó a remolcarme. De vez en cuando levantaba la cabeza, miraba ante sí y profería un grito de reconocimiento al que respondía la voz, cada vez más cercana. Yo apenas podía oírla, llegado ya al límite de mis fuerzas. Notaba cómo se me iban separando los dedos; mis manos no me obedecían ya y me negaban un punto de apoyo; la boca, abierta convulsivamente, se llenaba de agua; el frío me invadía hasta los huesos. Levanté la cabeza por última vez y me hundí…

   En cet instant, un corps dur me heurta. Je m'y cramponnai. Puis, je sentis qu'on me retirait, qu'on me ramenait à la surface de l'eau, que ma poitrine se dégonflait, et je m'évanouis...

   En ese instante, choqué con un cuerpo duro, y me agarré a él. Sentí cómo me retiraban y me sacaban a la superficie. Mis pulmones se descongestionaron, y me desvanecí…

   Il est certain que je revins promptement à moi, grâce à de vigoureuses frictions qui me sillonnèrent le corps. J'entr'ouvris les yeux...

   Pronto volví en mí, gracias a unas vigorosas fricciones que recorrieron mi cuerpo. Entreabrí los ojos.

   «Conseil! murmurai-je.

   -¡Conseil! murmuré.

   — Monsieur m'a sonné?» répondit Conseil.

   -¿Llamaba el señor? -dijo Conseil.

   En ce moment, aux dernières clartés de la lune qui s'abaissait vers l'horizon, j'aperçus une figure qui n'était pas celle de Conseil, et que je reconnus aussitôt.

   A la débil luz de la luna que descendía por el horizonte vi una figura que no era la de Conseil y que reconocí en seguida.

   «Ned! m'écriai-je

   -¡Ned! -exclamé.

   — En personne, monsieur, et qui court après sa prime! répondit le Canadien.

   -En persona, señor, el mismo, que va corriendo tras de la prima ganada respondió el canadiense.

   — Vous avez été précipité à la mer au choc de la frégate?

   -¿También le precipitó al mar el choque de la fragata?

   — Oui, monsieur le professeur, mais plus favorisé que vous, j'ai pu prendre pied presque immédiatement sur un îlot flottant.

   -Sí, señor profesor, pero más afortunado que usted, pude tomar pie casi inmediatamente sobre un islote flotante.

   — Un îlot?

   -¿Un islote?

   — Ou, pour mieux dire, sur notre narwal gigantesque.

   -O, por decirlo con más propiedad, sobre su narval gigantesco.

   — Expliquez-vous, Ned.

   -Explíquese, Ned.

   — Seulement, j'ai bientôt compris pourquoi mon harpon n'avait pu l'entamer et s'était émoussé sur sa peau.

   Sólo que pronto pude comprender por qué mi arpón no le hirió y se melló en su piel.

   — Pourquoi, Ned, pourquoi?

   -¿Porqué, Ned, porqué?

   — C'est que cette bête-là, monsieur le professeur, est faite en tôle d'acier!»

   -Porque esta bestia, señor profesor, está hecha de acero.

   Il faut que je reprenne mes esprits, que je revivifie mes souvenirs, que je contrôle moi-même mes assertions.

   Debo aquí hacer acopio de mis impresiones, revivificar mis recuerdos y controlar mis propias aserciones.

   Les dernières paroles du Canadien avaient produit un revirement subit dans mon cerveau. Je me hissai rapidement au sommet de l'être ou de l'objet à demi immergé qui nous servait de refuge. Je l'éprouvai du pied. C'était évidemment un corps dur, impénétrable, et non pas cette substance molle qui forme la masse des grands mammifères marins.

   Las últimas palabras del canadiense habían dado un vuelco a mi cerebro. Rápidamente me icé hasta la cima del ser o del objeto semisumergido que nos servía de refugio y la golpeé con el pie. Era evidentemente un cuerpo duro, impenetrable, y no la sustancia blanda que forma la masa de los grandes mamíferos marinos.

   Mais ce corps dur pouvait être une carapace osseuse, semblable à celle des animaux antédiluviens, et j'en serais quitte pour classer le monstre parmi les reptiles amphibies, tels que les tortues ou les alligators.

   Pero ese cuerpo duro podía ser un caparazón óseo semejante al de los animales antediluvianos, que me permitiría clasificar al monstruo entre los reptiles anfibios, tales como las tortugas y los aligátores.

   Eh bien! non! Le dos noirâtre qui me supportait était lisse, poli, non imbriqué. Il rendait au choc une sonorité métallique, et, si incroyable que cela fût, il semblait que, dis-je, il était fait de plaques boulonnées.

   Pues bien, no. El lomo negruzco que me soportaba era liso, bruñido, sin imbricaciones. Respondía a los golpes con una sonoridad metálica, y, por increíble que fuera, parecía estar hecho, qué digo, estaba hecho con planchas atornilladas.

   Le doute n'était pas possible! L'animal, le monstre, le phénomène naturel qui avait intrigué le monde savant tout entier, bouleversé et fourvoyé l'imagination des marins des deux hémisphères, il fallait bien le reconnaître, c'était un phénomène plus étonnant encore, un phénomène de main d'homme.

   La duda ya no era posible. El animal, el monstruo, el fenómeno natural que había intrigado al mundo científico de todo el orbe y excitado y extraviado la imaginación de los marinos de ambos hemisferios era, había que reconocerlo, un fenómeno aún más asombroso, un fenómeno creado por la mano del hombre.

   La découverte de l'existence de l'être le plus fabuleux, le plus mythologique, n'eût pas, au même degré, surpris ma raison. Que ce qui est prodigieux vienne du Créateur, c'est tout simple. Mais trouver tout à coup, sous ses yeux, l'impossible mystérieusement et humainement réalisé, c'était à confondre l'esprit!

   El descubrimiento de la existencia del ser más fabuloso, del ser más mitológico, no habría podido sorprender tanto y en tan alto grado a mi razón como el que acababa de hacer. Que lo prodigioso provenga del Creador, parece sencillo. Pero hallar de repente bajo los ojos lo imposible, misteriosa y humanamente realizado, es algo que hace naufragar a la razón.

   Il n'y avait pas à hésiter cependant. Nous étions étendus sur le dos d'une sorte de bateau sous-marin, qui présentait, autant que j'en pouvais juger, la forme d'un immense poisson d'acier. L'opinion de Ned Land était faite sur ce point. Conseil et moi, nous ne pûmes que nous y ranger.

   Y no había vacilación posible. Nos hallábamos, efectivamente, tendidos sobre la superficie de una especie de barco submarino cuya forma, hasta donde podía juzgar por lo que de ella veía, era la de un enorme pez de acero. Ned Land tenía ya formada su opinión al respecto, y Conseil y yo hubimos de compartirla con él.

   «Mais alors, dis-je, cet appareil renferme en lui un mécanisme de locomotion et un équipage pour le manoeuvrer?

   -Pero, puesto que es así -dije-, este aparato contiene un mecanismo de locomoción y una tripulación para maniobrarlo.

   — Évidemment, répondit le harponneur, et néanmoins, depuis trois heures que j'habite cette île flottante, elle n'a pas donné signé de vie.

   -Evidentemente -respondió el arponero-, y sin embargo hace ya tres horas que habito esta isla flotante sin que su tripulación haya dado todavía señales de vida.

   — Ce bateau n'a pas marché?

   -¿Ha permanecido inmóvil durante todo este tiempo?

   — Non, monsieur Aronnax. Il se laisse bercer au gré des lames, mais il ne bouge pas.

   -Así es, señor Aronnax. Se deja mecer por las olas, sin ningún otro movimiento.

   — Nous savons, à n'en pas douter, cependant, qu'il est doué d'une grande vitesse. Or, comme il faut une machine pour produire cette vitesse et un mécanicien pour conduire cette machine, j'en conclus... que nous sommes sauvés.

   -Sin embargo, nosotros sabemos, sin la menor duda, que está dotado de una gran velocidad. Ahora bien, para producir esa velocidad hace falta una máquina y para hacer funcionar ésta un maquinista. De todo ello infiero que… ¡estamos salvados!

   — Hum!» fit Ned Land d'un ton réservé.

   -¡Hum! -exclamó Ned Land, en tono de duda.

   En ce moment, et comme pour donner raison à mon argumentation, un bouillonnement se fit à l'arrière de cet étrange appareil, dont le propulseur était évidemment une hélice, et il se mit en mouvement. Nous n'eûmes que le temps de nous accrocher à sa partie supérieure qui émergeait de quatre-vingts centimètres environ. Très heureusement sa vitesse n'était pas excessive.

   En aquel mismo momento, y como corroboración de mi argumento, se oyó un ruido procedente de la extremidad posterior del extraño aparato, cuyo propulsor era evidentemente una hélice, y se puso en movimiento. Apenas si tuvimos tiempo para aferrarnos a su parte superior que emergía de las aguas en unos ochenta centímetros. Afortunadamente, su velocidad no era excesiva.

   «Tant qu'il navigue horizontalement, murmura Ned Land, je n'ai rien à dire. Mais s'il lui prend la fantaisie de plonger, je ne donnerais pas deux dollars de ma peau!»

   -Mientras navegue horizontalmente murmuró Ned Land nada tengo que objetar, pero como le dé por sumergirse, no doy dos dólares por mi pellejo.

   Moins encore, aurait pu dire le Canadien. Il devenait donc urgent de communiquer avec les êtres quelconques renfermés dans les flancs de cette machine. Je cherchai à sa surface une ouverture, un panneau, «un trou d'homme», pour employer l'expression technique; mais les lignes de boulons, solidement rabattues sur la jointure des tôles, étaient nettes et uniformes.

   Y aún hubiera podido dar menos. Se hacía, pues, urgente comunicar con los seres encerrados en el interior de la máquina. Busqué en la superficie de la misma una abertura, una escotilla, un «agujero de hombre», por emplear la expresión técnica. Pero las líneas de tornillos, sólidamente fijados en las junturas de las planchas, eran continuas y uniformes.

   D'ailleurs, la lune disparut alors, et nous laissa dans une obscurité profonde. Il fallut attendre le jour pour aviser aux moyens de pénétrer à l'intérieur de ce bateau sous-marin.

   La luna desapareció en ese momento y nos sumió en una profunda oscuridad. Necesario era esperar la llegada del día para considerar los medios de penetración en el interior del barco submarino.

   Ainsi donc, notre salut dépendait uniquement du caprice des mystérieux timoniers qui dirigeaient cet appareil, et, s'ils plongeaient, nous étions perdus! Ce cas excepté, je ne doutais pas de la possibilité d'entrer en relations avec eux. Et, en effet, s'ils ne faisaient pas eux-mêmes leur air, il fallait nécessairement qu'ils revinssent de temps en temps à la surface de l'Océan pour renouveler leur provision de molécules respirables. Donc, nécessité d'une ouverture qui mettait l'intérieur du bateau en communication avec l'atmosphère.

   Así, pues, nuestra salvación dependía únicamente del capricho de los misteriosos tripulantes que dirigían el aparato. Si decidían sumergirse, estaríamos perdidos. Exceptuado este caso, no dudaba yo de la posibilidad de entrar en relación con ellos. Pues, en efecto, de no producir por sí mismos el aire, necesario era que ascendiesen de vez en cuando a la superficie del océano para renovar su provisión de moléculas respirables. De ahí la necesidad de que existiera una abertura que pusiera en comunicación el interior del barco con la atmósfera.

   Quant à l'espoir d'être sauvé par le commandant Farragut, il fallait y renoncer complètement. Nous étions entraînés vers l'ouest, et j'estimai que notre vitesse, relativement modérée, atteignait douze milles à l'heure. L'hélice battait les flots avec une régularité mathématique, émergeant quelquefois et faisant jaillir l'eau phosphorescente à une grande hauteur.

   Había que descartar ya completamente toda esperanza de ser salvados por el comandante Farragut, pues íbamos hacia el Oeste y a una velocidad que, aunque relativamente moderada, yo estimaba no inferior a unas doce millas por hora. La hélice batía el agua con una regularidad matemática, y a veces emergía lanzando una espuma fosforescente a gran altura.

   Vers quatre heures du matin, la rapidité de l'appareil s'accrut. Nous résistions difficilement à ce vertigineux entraînement, lorsque les lames nous battaient de plein fouet. Heureusement, Ned rencontra sous sa main un large organeau fixé à la partie supérieure du dos de tôle, et nous parvînmes à nous y accrocher solidement.

   Hacia las cuatro de la mañana aumentó la velocidad. Nos era muy difícil resistir a tan vertiginosa marcha, sobre todo cuando las olas nos azotaban de plano. Afortunadamente, Ned halló una argolla fijada a la superficie del aparato, a la que pudimos asirnos con seguridad.

   Enfin cette longue nuit s'écoula. Mon souvenir incomplet ne permet pas d'en retracer toutes les impressions. Un seul détail me revient à l'esprit. Pendant certaines accalmies de la mer et du vent, je crus entendre plusieurs fois des sons vagues, une sorte d'harmonie fugitive produite par des accords lointains. Quel était donc le mystère de cette navigation sous-marine dont le monde entier cherchait vainement l'explication? Quels êtres vivaient dans cet étrange bateau? Quel agent mécanique lui permettait de se déplacer avec une si prodigieuse vitesse?

   Al fin acabó la espantosa noche, de la que mi memoria no ha podido conservar todas sus impresiones. Tan sólo un detalle quedó impreso en ella. Durante algunos momentos de calma del mar y del viento creí oír en varias ocasiones unos vagos sonidos, una especie de armonía fugaz producida por lejanos acordes. ¿Cuál era, pues, el misterio de esa navegación submarina cuya explicación buscaba en vano el mundo entero? ¿Qué seres vivían en ese extraño barco? ¿Qué agente mecánico le permitía desplazarse con tan prodigiosa velocidad?

   Le jour parut. Les brumes du matin nous enveloppaient, mais elles ne tardèrent pas à se déchirer. J'allais procéder à un examen attentif de la coque qui formait à sa partie supérieure une sorte de plate-forme horizontale, quand je la sentis s'enfoncer peu à peu.

   Se hizo de día. Las brumas matinales nos envolvían, pero no tardaron en desgarrarse. Me disponía a examinar atentamente la superficie del aparato, que en su parte superior presentaba una especie de plataforma horizontal, cuando me di cuenta de que el barco iniciaba un movimiento de inmersión.

   «Eh! mille diables! s'écria Ned Land, frappant du pied la tôle sonore, ouvrez donc, navigateurs peu hospitaliers!»

   -¡Eh! ¡Por todos los diablos! -gritó Ned Land, al tiempo que golpeaba con el pie la plancha sonora-. ¡Ábrannos, navegantes inhospitalarios!

   Mais il était difficile de se faire entendre au milieu des battements assourdissants de l'hélice. Heureusement, le mouvement d'immersion s'arrêta.

   Pero era difícil hacerse oír en medio del ensordecedor zumbido de la hélice.

Afortunadamente, cesó el movimiento de inmersión.

   Soudain, un bruit de ferrures violemment poussées se produisit à l'intérieur du bateau. Une plaque se souleva, un homme parut, jeta un cri bizarre et disparut aussitôt.

   De repente, se produjo en el interior del barco un ruido de herrajes, que precedió a la apertura de una plancha por la que apareció un hombre que profirió un extraño grito antes de desaparecer en seguida.

   Quelques instants après, huit solides gaillards, le visage voilé, apparaissaient silencieusement, et nous entraînaient dans leur formidable machine.

   Algunos instantes después, ocho hombres muy fornidos, con el rostro velado, aparecieron por la abertura y, silenciosamente, nos introdujeron en su formidable máquina.